Mackoaching
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Vous prendrez bien un peu de liberté ?
Posted on 2 January, 2022 at 11:20 |
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Dans le contexte sanitaire actuel de débat autour de la notion de liberté, j'aimerais partager quelques réflexions autour du lien entre l’accompagnement et la liberté. La pratique de coach, telle que je la conçois, débouche en effet sur une forme de libération de la personne accompagnée. Je vais tenter de développer ce postulat en me basant sur trois éclairages que j’utilise fréquemment dans le cadre des rencontres qui jalonnent le cheminement de « mes » client-e-s.
Le premier d’entre eux renvoie au triangle dramatique de Karpman qui s’articule autour de trois rôles psychologiques et de leurs interactions : le Sauveteur, la Victime et le Persécuteur (ou Bourreau). Lorsque nous sommes pris dans cette logique, souvent à l’origine de nos erreurs émotionnelles, nous « interprétons » tour à tour ces rôles, soit en nous laissant victimiser par le contexte extérieur, soit en nous érigeant comme sauveur providentiel soit en assumant le statut du « méchant ».
Le travail du coach consiste alors, dans un premier temps, d’aider la personne à identifier le(s) rôle(s) dans le(s)quel(s) elle s’est laissé enfermer puis, dans un deuxième temps, de l’encourager à reprendre du pouvoir d’agir en se libérant des stratégies manipulatoires (celles des autres et/ou les siennes), ce qui passe principalement par la capacité d’assumer sa part de responsabilité dans la situation problématique et, par conséquent, de renvoyer les autres à la leur.
Un deuxième étayage s’appuie sur les recherches de Cannon que j’appelle le « modèle des 3 (+2) F ». Mû par la peur, notre cerveau reptilien nous incite de manière instinctive à réagir soit en fuyant (Flight), soit en mettant toutes nos forces dans le combat (Fight) soit en nous immobilisant, telle une proie tétanisée (Freeze). Si cette stratégie de survie a son utilité dans des contextes extrêmement menaçant, elle montre toutefois très vite ses limites lorsque notre quotidien comporte prioritairement des « menaces imaginaires ». Pour permettre là aussi à la personne d’agir (plutôt que de ré-agir), l’accompagnant que je suis lui propose deux « F » supplémentaires : affronter (Face) ses propres peurs en les nommant et en les accueillants avec bienveillance pour ensuite pouvoir s’en libérer (Free). Car, pour le dire avec les mots de Thomas d’Ansembourg , « la liberté c’est peut-être de ne plus avoir peur de ses peurs ».
Et, pour conclure, je fais souvent appel à l’approche systémique et à la pensée complexe pour permettre à la personne accompagnée de passer d’une logique du « ou..ou » à une perspective « et…et » : et si elle accueillait les autres et plus encore elle-même avec leurs/ses lumières ET leurs/ses ombres, avec leurs/ses forces ET leurs/ses limites, leur/sa vulnérabilité ? Dit autrement : et si elle acceptait qu’elle représente (et que nous représentons tous et notre monde également) un « paradoxe sur patte » hyper complexe ? Et que la complexité (dont Edgar Morin rappelle qu’elle vient du latin « complexus » qui signifie « ce qui est tissé ensemble ») nous invite avec force et insistance à relier plutôt qu’à séparer, à bâtir des ponts plutôt qu’à polariser. Ce qui revient à accueillir et à dépasser les tensions, tant intérieures qu’extérieures, pour en faire un réel moteur qui « lie-bère » à la fois l’individu et le collectif. Car, comme l’avance Nelson Mandela, « être libre, ce n’est pas seulement être débarrassé de ses chaînes, mais c’est vivre d’une façon qui respecte et améliore la vie des autres ».
Cet article a été pubié dans les pages du blog de Coaching-Services du mois de novembre 2021.
Prenez soin de vous ! Une injonction paradoxale ?
Posted on 2 January, 2022 at 11:00 |
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« Et de nos maladies, la plus sauvage, c'est mépriser notre être » (Montaigne)
À la fois en tant que personne ayant vécu elle-même un épuisement professionnel et comme professionnel qui s’est spécialisé dans le domaine de l’accompagnement aux individus victimes d’un burn-out, la question du soin est éminemment centrale. Deux spécialistes romandes de la problématique (1) proposent en effet un « triptyque » qui permet de structurer l’action dans ce domaine : « Repos – Soin – Retour au travail ». Les limites entre ces trois étapes sont perméables et le fait de se reposer ou de revenir au travail se fait à la lumière du soin, valeur centrale en matière d’épuisement.
Si la grande majorité des personnes que j’accompagne sont au « bout du rouleau », c’est en effet précisément parce qu’elles n’ont pas « pris soin » d’elles, ce qui a conduit à une sur-adaptation aux attentes, réelles ou fantasmées, de leur contexte professionnel et à un non respect de ses propres besoins et limites. Ce processus est d’ailleurs à un tel point avancé chez la plupart d’entre elles que, lorsque je leur pose la question de comment elles/ils comptent « prendre soin » d’elles/d’eux, ces personnes sont dans l’incapacité d’y répondre, habituées à se laisser définir par les circonstances extérieures depuis plusieurs années.
La tentation est alors grande d’avoir recours à des « to do lists », facilement localisables sur internet, et qui se résument à des impératifs dans les domaines physiques (« Reposez-vous ! », « Faites du sport ! », « Mangez sainement ! »;), sociaux (« Donnez et recevez de l’affection ! », « Demandez de l’aide ! »;), cognitifs (« Lisez ! », « Méditez », « Écrivez ! » et émotionnels (« Soyez positifs ! », « Pardonnez-vous ! »;). Ces listes et principes de base me laissent songeur et je suis très réticent à les utiliser dans mes accompagnements. Je me questionne en effet sur l’emploi du mot « soi » dans l’expression « prendre soin de soi ».
De quel « soi » parle-t-on ?
Sans prétendre répondre de manière exhaustive à cette interrogation, j’aimerais m’appuyer sur deux auteurs pour avancer quelques hypothèses.
Pour Moussa Nabati (2) , psychiatre français d’origine iranienne, « être soi veut dire s'aimer, s'accepter, se respecter tel qu'on est, dans son corps, son âge et son sexe, en jouissant notamment d'un psychisme séparé, différencié, autonome, dégagé des confusions d'identités, de places et de fonctions » (p. 19), un processus qui passe par la prise de conscience « de ces forces "négatives", dans le but non pas de s'acharner à les éliminer - car plus on les embête et on les fuit, plus, paradoxalement, elles redoublent de brutalité -, mais de les respecter un tant soit peu pour s'en protéger. » (p. 94).
Si les personnes que j’accompagne se sont « pris un mur », c’est toutefois très souvent parce qu’elles étaient dans l’incapacité – partielle du moins – d’être soi, trop occupées à se façonner un « faux self » ainsi qu’à créer et à entretenir une illusion.
C’est ainsi que celles et ceux qui vivent cette épreuve et sont d’accord de s’aventurer dans l’épopée et le voyage en direction d’un « soi » plus vrai et authentique se retrouvent confronté-e-s à une de leurs plus grandes difficultés : celles d’accueillir, en toute bienveillance, sans jugement, sans rejet ni combat ce qu’elles ou ils ont le plus redouté avant le burn-out, à savoir leurs ombres et leurs démons, leurs émotions « négatives » et leurs états d’âme. Or, comme l’avance Lytta Basset (3), « prendre soin de la blessure suppose : s'arrêter, se mettre en retrait, être attentif à son intériorité » - une intimité que les personnes concernées peinent souvent à rencontrer, victimes d’une logique d’extimité dans laquelle elles se sont laissé enfermer.
Intervient ici le deuxième auteur sur lequel j’aimerais m’appuyer, à savoir Jean Monbourquette (4) qui, dans un ouvrage devenu un classique , fait la distinction entre d’une part le soi, le « je », « l’ego » propre au vocabulaire de la psychologie et du développement personnel, et d’autre part le « Soi », « l’image de Dieu » qui fait référence à la dimension spirituelle, aux racines essentielles et à la Source présentes en chacun-e d’entre nous. Selon cet auteur, prêtre et psychologue, être pleinement soi consiste donc à développer l’estime de soi ET à découvrir les richesses intérieures du Soi.
Mises à part quelques allusions à la méditation, au contact avec la nature ou à la nécessité de se mettre « en stand by », de « faire le mort » ou de « profiter du silence », qui témoignent plus d’une approche techniciste de la spiritualité que d’un encouragement à approfondir cette dimension, les injonctions en lien au « prendre soin de soi » s’adressent presque exclusivement au « soi » et éludent le « Soi ». C’est pourtant dans cette dernière dimension que les personnes que j’accompagne trouvent souvent la force et les ressources, en plus de celles qu’elles avaient déjà au préalable, pour mettre leur énergie au service non de la survie mais de la Vie. En effet, comme l’avance Alexandre Jollien (5) , « au fond du fond, subsiste une part indemne, intouchable, que rien ne peut souiller. À la surface, les crispations, le manque, les tourments de notre individualité peuvent secouer dur, mais rien ne s'oppose à la grande santé qui circule en abondance sous la panique, l'avidité, les ruminations qui ne font que voiler, par intermittence la sagesse qui inonde un cœur ».
C’est ainsi que Sophie (6) , qui se remet d’un épuisement émotionnel et cherche à définir un nouveau projet de vie professionnelle, réalise que les activités sportives, artistiques et sociales qu’elles a pu reprendre récemment grâce aux assouplissements en lien à la situation sanitaire la fatiguent beaucoup alors qu’elle pensait pouvoir s’y ressourcer. Après discussion, Sophie réalise que, au fond, son véritable besoin consiste à être seule avec elle-même ce qui passe pas apprendre à dire « non » aux nombreuses sollicitations et « oui » à ce que ces rendez-vous avec elle-même lui permettront de découvrir.
Du diktat du soin de soi
Même si l’encouragement « prenez soin de vous ! » part d’une bonne intention (dont l’Enfer est souvent pavé, dit-on), il est vide de sens s’il n’est pas accompagné d’une réflexion autour de ses enjeux, au risque sinon de se retourner contre ses finalités. De plus, pour le dire avec les mots de Mireille Cifali (7) , « une relation ne se décrète pas, elle se vit », cela d’autant plus lorsqu’il s’agit de celle avec son « moi » et son « Soi » : des injonctions extérieures ne vont donc pas forcément aider des personnes désorientées à prendre soin de leur intériorité.
En ce qui me concerne, et plutôt que de véhiculer des injonctions, je vais continuer à accompagner les personnes que la vie place sur mon chemin en prenant soin de l’outil principal de tout accompagnant-e : elle-même/lui-même. Le soin se joue en effet aussi (et parfois surtout) au niveau de l’alliance entre l’accompagné-e et l’accompagnant-e-, véritable lieu de bienveillante co-construction et de transformation. De plus, lorsqu’on est deux, on est toujours trois : l’Autre est présent, à condition bien-sûr d’être d’accord de lui laisser de la place.
PS : Cet article est paru dans une version différemment illustrée dans la revue Itinéraires n°115/2021/3
(1) Droz, N. & Wahlen, A. (2018). Burn-out, la maladie du XXIème siècle ? Lausanne : Éditions Favre.
(2) Nabati, M. (2006). Le bonheur d'être soi. Paris: Fayard
(3) Basset, L. (2006). Au-delà du pardon. Le désir de tourner la page. Paris : Presses de la Renaissance, p. 76.
(4) Monbourquette, J. (2001). De l’estime de soi à l’estime du Soi. Paris : Bayard.
(5) Jollien, A. (2018). La sagesse espiègle. Paris: Gallimard, p. 216
(6) Prénom d'emprunt
(7) Cifali, M. (2019). Préserver un lien. Ethique des métiers. Paris : PUF, p. 10
Le coaching : une mesure au service du développement durable ?
Posted on 3 February, 2020 at 4:26 |
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Il faudrait être sourd et aveugle, un ermite coupé du monde
ou un climato-sceptique convaincu pour ne pas être au courant de LA thématique
qui fait la une de l’actualité. Les mots-clés
« développement durable », « biodiversité »,
« réchauffement climatique » ainsi que les noms de Greta Thunberg,
d’Extinction Rebellion ou des divers lieux liés aux manifestations pour le
climat font partie désormais de nos discussions et de nos préoccupations. En ce qui me concerne, j’ai pris le parti, tel le colibri de
la fable amérindienne du même nom, de faire ma part plutôt que succomber au
défaitisme et au sentiment d’impuissance devant l’ampleur de la tâche ainsi que
devant l’immobilisme des politiques. Il y a d’abord les gestes
écologiques : ampoules LED ; utilisation d’énergies autres que
fossiles ; diminuer la consommation de protéines animales ; acheter local,
en vrac et bio ; se déplacer en transports publics plutôt qu’en voiture ou
en avion. Mais cela suffit-il ? La sauvegarde de nos écosystèmes peut-elle
se limiter à des changements de comportements « de surface » ou
nécessite-t-elle une réflexion en profondeur de ce qui se cache derrière nos
attitudes ? Dans leur ouvrage prônant l’écologie intérieure[1],
Marie Romanens et Patrick Guérin parlent de la nécessité de réintroduire de la « reliance »
et de rétablir un lien plus équilibré entre ce que ce nous sommes et ce dont
nous faisons partie. Autrement dit : pour mieux vivre avec le monde qui
nous entoure, il nous faut (ré)apprendre à prendre soin du lien avec nous-même.
À quoi cela nous sert-il d’appliquer une liste de nouveaux comportements
éco-responsables si nous ne nous penchons pas sur ce qui fait que nous
consommons autant voir (beaucoup) trop ? L’acte de recycler ce qui finit
dans nos diverses poubelles peut-il se passer d’une réflexion autour du tri de
nos « déchets intérieurs », de nos « faux besoins »,
souvent imposés par la société et/ou par nos « pensouillures »[2]
mentales. Comme le soutiennent les deux auteurs, nous nous coupons
souvent de nos vrais besoins, de ce qui est essentiel pour nous car « à une époque où le rationnel et l'objectivité prévalent, où l'accent est
mis sur les performances et la réussite, il n'est guère facile de laisser
apparaître sa sensibilité, son émotivité, ses facultés intuitives, la douceur
de son coeur et son imaginaire poétique. Tout ce versant de l'être doit rester
indécelable, sous le contrôle de la volonté » (p. 144) et, ajouterais-je,
anesthésié par des comportements éco-irresponsables dont l’objectif est de nous
soustraire à notre vulnérabilité[3]. Dans ce sens, le coaching, du moins tel que je le comprends et le pratique, n’est pas juste un effet
de mode qui « épouse » l’actualité mais bel et bien une mesure de
développement durable. En effet, si l’on en croit Regula Kyburz-Graber, Ueli Nagel et François Gingins[4],
il est nécessaire, pour permettre à chacun-e de se développer de manière
durable et écologique, d’apprendre à agir malgré les incertitudes, à affronter
les contradictions (en commençant par celles intérieures) de manière
constructive, à réfléchir à ses valeurs, à développer de nouveaux regards ainsi
qu’une compréhension systémique, sur soi-même et sur nos contextes
professionnels et personnels. Un programme, certes exigeant et demandeur de temps, mais de
mon point de vue incontournable si l’on veut parler d’une écologie véritable et
complète. [1] Guérin, P. & Romanens, M. (2010). Pour une
écologie intérieure. Paris : Payot. [2] Marquis,
S. (2016). On est foutu, on pense trop.
Comment se libérer de Pensouillard le Hamster. Paris : Points. [3] Voir
à ce sujet la vidéo-conférence TEDx de Brené Brown « Le pouvoir de la
vulnérabilité » : https://www.ted.com/talks/brene_brown_the_power_of_vulnerability?language=fr
- t-17490 [4] Kyburz-Graber, R., Nagel, U., Gingins, F. (2010). Demain en main. Enseigner le développement
durable. Mont-sur-Lausanne : LEP. Cet article est une version modifiée de celui paru sur le site de Coaching Services en janvier 2020. |
Au sec....ours !
Posted on 3 February, 2020 at 4:07 |
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Être seul….vraiment ?
Posted on 9 June, 2018 at 17:11 |
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De
retour dans mon lieu de retraite favori, accueilli avec bienveillance et humanité
malgré des circonstances difficiles pour toute l’équipe sur place, je savoure
ces instants de solitude et de
rendez-vous avec moi-même, marqués par des balades, des temps d’écriture, de
lecture et de repas. Plusieurs interrogations cependant me taraudent : suis-je
vraiment seul ? pourquoi ces moments de solitude me font-ils tant de
bien ? et pourquoi est-ce que je ressens de la tristesse à chaque fois que
je me prépare pour mes week-ends de mini-retraite ? Ces
questions font écho au sentiment de solitude que vivent certains clients et
dont ils souffrent parfois : l’impression que les autres ne peuvent réellement
comprendre ce que ces personnes endurent, d’être non seulement seuls mais également isolés par un vécu que les autres ne partagent pas ou n’ont jamais
partagés. Dans une problématique différente que j’accompagne actuellement, un
collectif se plaint d’un des travers les plus fréquents dans le cadre d’un « management » déshumanisant : « on »
(les supérieurs, difficilement identifiables) demande au groupe d’être autonome
et, lorsqu’il y a problème, il n’y a plus personne pour épauler les employés
demandeurs.
Je
ne peux que partager ce sentiment voir cette souffrance qui me renvoie à mon
vécu du burn-out, pendant lequel j’ai effectivement ressenti une profonde et
parfois abyssale solitude doublée d’un sentiment d’isolement au sein d’une
communauté, familiale et professionnelle, pour laquelle j’avais l’impression d’être
un pestiféré que l’on considérait certes avec bienveillance et un brin de
condescendance, mais que l’on aurait aimé voir guérir et revenir à la
« normale » le plus rapidement possible. Comme
le dit si bien Jacqueline Kelen [3],
« on est toujours plus seul qu'on ne le croit et bien moins seul qu'on ne
pense ». L’auteur ne fait cependant pas uniquement allusion aux personnes
qui nous accompagnent sur ce chemin aride et accidenté de la solitude :
elle ouvre des portes qui peuvent nous permettre d’accepter et de transcender
ce vécu. Le
fait que la solitude soit perçue comme un isolement par la personne qui la
subit et en souffre repose donc sur un mythe : celui de la fusion, de la
symbiose. L’autre – quel qu’il soit – devrait non seulement être capable de
« lire » notre monde mais en plus être à même de le comprendre et de
l’accepter…alors que nous sommes souvent bien maladroits voire incapables de
faire de même en regard de notre univers, voire de nos « multivers »,
de nos multiples univers… Or,
c’est justement cette même solitude, mais choisie cette fois – « La seule
solitude qui vaille c'est celle qu'on choisit, pas celle qu'on subit [6] »
– qui nous permet d’aller à la rencontre de nous-même. Pour le dire avec les
mots de Lytta Basset, « consentir à sa solitude, c’est devenir homme et
femme, devenir un [7] ». Ce
voyage n’est pourtant pas une balade d’agrément, car, comme le souligne
Jacqueline Kelen, « cette immensité peut faire peur, car elle demande des
égards et requiert des devoirs [8]. » :
découvrir et explorer ces mondes qui nous constituent et qui s’entrechoquent
parfois demande en effet à la fois une grande capacité de bienveillance et de
patience envers nous-même ainsi qu’une compétence de négociation et de mise en
dialogue de nos diverses facettes. Un apprentissage
permanent qui, en plus de la difficulté de la tâche, n’est ni facilité ni
encouragé par la société actuelle pour qui la communication est avant tout une
affaire d’extimité, c’est-à-dire d’une intimité travestie, un « faux
self » publié via les réseaux sociaux. Or, si l’on en croit Nicole Fabre
« c'est dès l'enfance que nous devrions éduquer ceux qui nous sont confiés
à supporter et à aimer la solitude. Ne pas leur donner en pâture les groupes
d'amis qui, en retour, les absorberont. Supporter de les voir parfois s'ennuyer
ou perdre du temps afin que naissent les désirs, que se développe le rêve -
leur rêve. Mais, pour cela, il nous faut croire en la valeur de la solitude,
savoir et croire qu'elle est féconde et qu'elle nous rend capable d'être nous-mêmes
lorsque nous retournons au milieu des autres [9]". Apparaît
ici la deuxième porte susceptible de donner du sens au sentiment de solitude
profond que vivent certaines personnes : pour entrer réellement en
relation avec les autres, il est nécessaire d’être seul et, lorsqu’on est seul,
on est relié aux autres, « alone, all one : seul avec tous [10] ».
La solitude, surtout lorsqu’elle choisie et assumée, nous permet en effet dans
un premier temps d’entrer en relation avec nos émotions, nos pensées, nos besoins,
nos envies, nos élans, nos rêves – tout ce qui constitue notre monde intérieur
– pour ensuite pouvoir véritablement nous relier aux autres, à leur propre solitude
et à leur univers. L’idéal de la relation serait donc d’être un
« solitaire sociable [11] »
ou, comme j’aime à le dire, « un solitaire solidaire » qui aime à la
fois « être seul en étant accompagné et être accompagné en étant seul [12] ».
Ce
qui me touche et me frappe chez mes clients qui traversent, chacun à sa façon,
ce désert de solitude vécue comme un isolement, c’est le fait qu’ils trouvent
pour la plupart une grande ressource dans le contact avec la nature – et, si
possible, en étant seul. De mon point de vue, ces personnes prennent ainsi soin
de leur lien non seulement aux autres mais également – voire surtout – à
l’Autre : au Grand Tout, à l’Univers, au Souffle, à la Source. Peu importe
le nom que chacun-e veut bien lui donner, le vécu de la solitude « entendue
comme un isolement dramatique (…) apparaît dès lors comme un terreau possible
pour un approfondissement, une découverte quasi métaphysique de l'homme à la
fois perdu et relié [13] ».
C’est donc en assumant sa solitude et en en prenant soin qu’on peut y trouver une ouverture, une « reliance [14] »
à soi, aux autres et à l’Univers – un paradoxe qui n’est qu’apparent. Que
cela soit dans le parcours de vie de mes clients ou dans le mien, les moments
de solitude vécue comme un isolement, comme un exil involontaire et subi,
alternent ainsi – ou, en ce qui me concerne, ont alterné – avec des moments de
solitude choisie et revendiquée, car ressourçante et reliante. Et, peu à peu,
pas après pas, ce qui est fuit devient objet de sollicitude jusqu’à devenir un
besoin incontournable et non négociable : la solitude devient un lieu
ressource, parfois refuge, qui permet de se reconstruire, de se
« re-co-naître » et de revenir renouvelé vers les autres. En d’autres
termes, « pour se découvrir capable d'attachement, il faut avoir été
attaché puis détaché. Pour vivre sa solitude dans ce qu'elle a de plus profond,
de fondamental, à la fois douloureux et riche, il faut en somme avoir joué au
fort-da [15] ». Je
comprends dès lors mieux l’irrésistible élan qui habite certains de mes clients
– et qui m’a hanté longtemps également – de quitter celles et ceux qui leurs
sont chers (c’est le « fort » qui, en allemand veut dire,
« loin »), suivi par une phase pendant laquelle l’exilé plus ou moins
volontaire revient « au port » (le « da » qui, en allemand,
signifie « là »), plus heureux que jamais de retrouver les liens
initiaux, privés ou professionnels. Et j’arrive également à mettre des mots sur ce sentiment ambigu et
diffus que je ressens à chaque fois que je fais mes valises pour une ou deux
journées de véritable solitude choisie, assumée et revendiquée : au fond
de moi, « quelque chose » doit à chaque pouvoir s’arracher, se
détacher – Fabrice Midal dirait, au sujet de la méditation, se « dés-attacher »
- pour mieux revenir et réinvestir les liens et aussi les rôles du quotidien. Même
si la tâche n’est pas dès plus accessible et que la grâce est indissociable
d’un effort, je ne peux que vous encourager, chères lectrices et chers
lecteurs, à prendre soin de vous en vous donnant la permission d’aménager des
moments de solitude que chacune et chacun habitera comme bon lui semble. Il
n’est à mon avis pas nécessaire de se retirer du monde pendant plusieurs
années, comme l’a fait Matthieu Ricard, moine bouddhiste et interprète du Dalaï
Lama : quelques minutes ou heures suffisent parfois à condition d’être
respectées de manière régulière. Je me souviens d’un cadre d’une ville de la
Côte qui me disait qu’il restait parfois volontairement enfermé dans les
toilettes du bureau plus longtemps que nécessaire, car c’était le seul endroit
où on ne venait pas le déranger. Comme ce monsieur – si vous permettez le jeu
de mots facile et douteux – restez à l’écoute de vos besoins les plus profonds. Les illustrations de cet article sont toutes des photographies réalisées par Evynn LeValley dont la sensualité et les nuances de la série "Feminine Solitude" m'ont beaucoup touché (pour plus de détails : http://www.evynnlevalley.com/fineartFS.php) [1] André, C. (2006). Imparfaits, libres et heureux. Pratiques de l'estime de soi. Paris: Odile Jacob. [2] Basset, L. (2010). Aimer
sans dévorer. Paris: Albin Michel, p. 201. [3] Kelen, J. (2005). L'esprit
de solitude. Paris: Albin Michel, p. 197. [4] Lenoir, F. (2012). L'Âme
du monde. Paris: NiL Editions, p. 146-147 [5] Servan-Schreiber, J.-L. (2015). C'est la vie. Essais. Paris: Albin Michel, p. 28 [6] André, C. (2006). Imparfaits,
libres et heureux. Pratiques de l'estime de soi. Paris: Odile Jacob, p. 237 [7] Basset, L. (2010). Aimer
sans dévorer. Paris: Albin Michel, p. 201 [8] Kelen, J. (2015). Sois
comme un roi dans ton coeur. Entretiens. Genève: Labor et Fides, p. 32 [9] Fabre, N. (2004). La solitude. Ses peines et ses
richesses. Paris: Albin Michel, p. 29
[10]
Kelen, J. (2005). L'esprit de solitude. Paris: Albin Michel, p. 198 [11]
André, C. (2006). Imparfaits, libres et heureux.
Pratiques de l'estime de soi. . Paris: Odile Jacob, p. 237 [12] Corneau, G. (2003). Victime des autres, bourreau de soi-même. Paris : Laffont. [13] Fabre, N. (2004). La solitude. Ses peines et ses
richesses. Paris: Albin Michel, p. 67 [14] Guérin, P. & Romanens, M.
(2010). Pour une écologie intérieure. Paris: Payot. [15] Fabre, N. (2004). La
solitude. Ses peines et ses richesses. Paris: Albin Michel, p. 80
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Être dans le contrôle…et le perdre.
Posted on 3 February, 2018 at 11:48 |
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Après plusieurs mois de cheminement, je m’octroie à nouveau une pause dans
mon pèlerinage. L’occasion de faire le point sur mes émotions, mes besoins, mes
envies. Sur ce qui m’habite tout au fond de moi et que j’ai parfois de la peine
à entendre dans le tumulte d’un quotidien (à mon goût souvent trop) bien rempli
et bruyant.
C’est aussi la première fois depuis le mois de novembre 2016 et depuis
la publication de mon témoignage écrit cet automne que je me prépare à rédiger
un article pour mon blog – exception faite de ma contribution de début janvier,
une reprise d’une « commande » des mes collègues et amis de
Coaching-Services. Bien que décidé à « accoucher » de nouvelles
réflexions, je me retrouve sans aucune inspiration, mon intuition me soufflant
de manière répétée que, au fond, je n’ai besoin de rien et encore moins
d’écrire. Je lâche prise et me dis que, à part moi, personne n’attend quelque
production que ce soit. Et que, quand l’envie de me mettre au clavier viendra,
je serai à l’écoute. Comme souvent lors de mes « mini-retraites » d’un week-end,
je me fais plaisir en regardant un film dont je sais qu’il a de fortes chances
de ne pas obtenir les suffrages de ma famille pour nos soirées TV communes. Ce
soir-là, je jette mon dévolu sur un film sorti en janvier 2017 et présenté au
festival de Sundance : To the Bone
(Jusqu’à l’os) qui raconte l’histoire de Ellen (interprétée avec beaucoup
de finesse et justesse par Lily Collins,
fille aînée de Phil), une jeune fille anorexique de 20 ans, et son chemin vers
la guérison. Que cela soit dans la bande annonce ou dans le récit, il est frappant
de voir à quel point les personnages mettent de l’énergie à contrôler leur
corps, leur poids et leur alimentation : mesures incessantes du tour de
bras par exemple, exercices physiques à outrance, vomissements forcés,
connaissances extrêmement pointues du nombre de calories présentes dans
l’assiette, obsession du poids. Une « contrôlite » qui débouche au
mieux sur des pertes de connaissances ou, à l’extrême, sur la mort. Et, donc,
sur une absence totale de contrôle sur sa vie. C’est en effet ce paradoxe que j’aimerais principalement relever ici.
Du haut de notre « tour de contrôle »[2] dont
la hauteur nous est utile, pensons-nous, à nous orienter dans une société qui
met en avant des valeurs de performance et de réussite, nous nous illusionnons de
pouvoir maîtriser le temps ainsi que le cours de notre vie. Nous gérons notre
existence comme nos comptes en banque, avec objectivité, anticipation,
planification et intérêts. Nous pensons pouvoir contrôler l’imprévu et
l’imprévisible, les aléas du présent comme les incertitudes de l’avenir. Craignant d’être affectés, modifiés, transformés voire détournés pas nos
émotions, nos sentiments et nos blessures, nous nous emmurons dans une prison
que nous nous construisons nous-mêmes et dont nous sommes à la fois le
prisonnier et le geôlier. Poussés par
notre mental, fidèle allié de notre ego dans sa volonté de contrôler ce qui
pourrait représenter une menace à ses routines, et nous identifiant à nos
croyances et à nos schémas inconscients, nous nous mettons très souvent sur
mode « pilote automatique », confondant action avec réaction et privilégiant
le faire à l’être. C’est ainsi que, paradoxalement, la volonté de maîtriser
notre vie, extérieure et bien plus encore intérieure, débouche sur une perte de
contrôle. Réglé sur mode automatique, notre pilote augmente en effet les possibilités
de sorties de route : burn-out, dépression, accidents, maladies
chroniques. Nous pensons
gagner notre vie en nous lançant des défis dont la réalisation nous rassure, sans
prendre en considération que nous nous éloignons parfois de l’essentiel et de
l’essence. Que nos vies ressemblent parfois à une course contre le temps et que
nos journées, pourtant bien (voir trop) pleines, sont parfois vides de moments
de plénitudes. Mais alors,
me direz-vous, comment se sortir de ce cercle vicieux et de cette prison ?
Comment remettre un véritable pilote dans notre véhicule de vie ? Principalement
en prenant conscience de ce que nous ne voulons pas voir et ce qui nous fait
peur : notre intimité, nos émotions, notre vulnérabilité ainsi que nos
schémas récurrents et nos croyances, certes utiles mais parfois très limitantes.
Car, « lorsqu'on est conscient d'une chose, on peut prendre le contrôle
sur cette chose. Lorsqu'on n'est pas conscient d'un sentiment, c'est lui qui a
le contrôle sur vous »[5]. Ce que l’on appelle communément un « travail sur soi » revient alors
à observer, nommer et à accueillir avec bienveillance ce magma intérieur que
constituent notre affectivité, nos peurs, nos doutes. Sans oublier notre
tendance à la Toute-Puissance qui représente souvent une réponse à la peur de
perdre de contrôle…et une autre manière de contrôler notre vie ou ce que nous
aimerions qu’elle soit. Il ne s’agit
nullement de livrer un combat contre nos démons – ce qui équivaudrait à vouloir
reprendre le contrôle, une lutte dont on sort presque toujours perdant et qui
contribue à l’épuisement – mais de se réconcilier avec eux en leur laissant une
place mais pas toute la place. Cette
acceptation, cet accueil de toutes les parts de soi nous permet également de
lâcher prise et de faire confiance, car « plus nous progressons dans ce
travail de lucidité, d'individuation, de consentement à la vie, plus nous
découvrons que nous ne sommes pas uniquement cet ego auquel nous nous sommes
identifiés »[6]. Dans le film
à l’origine de ces réflexions, une scène significative renvoie à cette
négociation nécessaire avec nos voix intérieures, avec nos saboteurs et
imposteurs préférés : lorsque Ellen se plaint auprès du docteur Beckham
(interprété par Keanu Reeves) de son incapacité à désobéir à cette voix harcelante
qui lui dicte ses actions, son interlocuteur lui propose d’accueillir cette
présence plutôt que de la nier ou de lutter contre elle et ensuite de lui dire,
avec force et conviction : « Va te faire foutre ! » et de
lui désobéir. Commence
alors un véritable travail de libération qui débouche souvent sur une liberté à
la fois intérieure et extérieure. Nous faisons des choix de vie, privée et/ou
professionnelle, en nous appuyant sur une meilleure connaissance de qui nous
sommes réellement, avec nos lumières et nos ombres, nos forces et nos limites.
Nous acceptons de contrôler ce qui peut l’être (pas grand chose, au fond) et de
rendre aux autres et à la vie ce qui leur appartient. Ce qui nous rend plus
légers, plus libres. Et, surtout, plus vivants. Car reliés à ce qui fait que
nous sommes à la fois uniques, différents et universels. À vous toutes
et tous, chères lectrices, chers lecteurs, je vous souhaite une très belle
année 2018 riche en aventures intérieures, en cheminements vers soi et…en
pertes de contrôle. [1] Lire à ce sujet l’article du Temps paru le 6 août 2017 (https://www.letemps.ch/sciences/2017/08/06/to-the-bone-cree-controverse-autour-lanorexie) [2] Une expression empruntée
à Labonté, M. L. (2009). Le point de rupture. Comment les chocs d'une vie
nous guide vers l'essentiel. Paris: Albin Michel.
[3] Guérin, M. & Romanens, P. (2010). Pour une écologie intérieure.
Paris: Payot, p. 144
[4] André, C. (2012). Sérénité. 25 histoires d'équilibre intérieur.
Paris: Odile Jacob, p. 58-59
[5] Mello, A. D. (1994). Quand la conscience s'éveille. Montréal &
Paris: Bellarmin & Deslcée de Brouwer, p. 92
[ 6] Lenoir, F. (2015). La puissance de la joie. Paris: Fayard, p. 152
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1 + 1 = 3 ?
Posted on 4 January, 2018 at 8:43 |
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Apparemment, un coaching individuel
se résume à un « one to one », à une rencontre entre deux personnes
dont l’une est demandeuse et l’autre disposée à mettre en œuvre des compétences
permettant à la première d’atteindre ses objectifs. Mais est-ce vraiment si
simple ? Les apparences sont paraît-il souvent trompeuses. Plusieurs
raisons me font dire que, en matière d’accompagnement, 1 + 1 = 3 : une
troisième dimension vient en effet s’inviter et elle joue un rôle primordial
dans le processus.
J’adhère tout d’abord aux propos de
Jacques-Antoine Malarewicz[1]
lorsqu’il avance que le troisième « larron » dans un accompagnement
s’avère être le changement – et, par conséquent, le non-changement. Qu’elle
soit « acheteuse », « touriste » ou « co-pilote »,
la personne accompagnée se comporte et se positionne en fonction d’un contrat,
implicite ou explicite, dont l’objectif est de permettre à la personne d’opérer
des modifications à des niveaux plus ou moins profonds, que cela soit sur son
contexte ou, idéalement, sur elle-même. Les enjeux se situent ainsi à deux
niveaux : la volonté de (non-) changement du coaché et ma volonté de voir
l’autre changer. Si, dans la première dimension, je me demande régulièrement
dans quelle mesure je cautionne ou pas le désir de (non-) changement chez
l’autre, la deuxième dimension requiert encore plus d’honnêteté de ma part :
dans quelle mesure mes attentes vis-à-vis du changement d’autrui ne représentent-elles
pas un frein voire un obstacle au coaching ? En effet, ce n’est pas parce
que « ça » n’avance pas – sous entendu : comme j’aimerais que
« ça » avance – que « ça » n’avance pas… Une dimension éthique et
déontologique qui engage les partenaires du contrat dans leur humanité et leur
intégrité. Dans ce sens, il m’arrive – pas assez souvent à mon goût – de
méta-communiquer avec mon vis-à-vis au sujet de mes observations et de mon
ressenti par rapport à ce que le langage verbal ou non-verbal de la personne
accompagnée génère chez moi.
Quand par exemple, lors de la
deuxième séance, je constate que ma cliente emprunte mon stylo pour effectuer
une activité écrite car elle a, comme lors de notre première rencontre, oublié de
prendre le sien, je lui fais part de mon constat ainsi que de ma surprise et
lui demande : « qu’est-ce qui fait que vous écrivez votre nouvelle vie avec mon stylo ? ». Dans ce cas, la
réflexion autour de cette question a été porteuse de fruits : lors de la
rencontre suivante, la personne accompagnée a fait preuve d’une plus grande
autonomie, tant au niveau de l’accompagnement que dans son contexte de vie. Un
« garde-fou » indispensable pour ma très humaine tendance à la
Toute-Puissance et un gage d’humilité pour le duo, confronté ainsi à ses
responsabilités et à ses limites. Et si, au lieu de préparer deux
verres d’eau en début de mon prochain entretien, j’en prévoyais un de plus ?
Allez ! À trois, je me lance… [1] Malarewicz, J.-A. (2011, 3 édition). Réussir son coaching. Une approche systémique. Orléans : Pearson Education France. [2] Le Bouëdec, G. (2001). Une posture éducative fondée sur
une éthique. Cahiers pédagogiques, n°
393, avril 2001, pp. 18-20. [3] Basset,
L. (2013). S’initier à l’accompagnement
spirituel. Treize expériences en milieu professionnel. Genève : Labor
et Fides. Cet article est une version illustrée du billet du mois de septembre de Coaching-Services (http://www.coachingservices.ch/newsletter/1-1-3). La première et la dernière photographie sont celles d'une création de Andreas Lewandowski
intitulée"1+1=3 (A Meeting Between Two Creates Something New)" disponibles sur son site (http://www.andreaslewandowski.se/1-1-3) |
Être enthousiaste : jusqu’où aller trop loin ?
Posted on 12 November, 2016 at 15:39 |
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Être acteur ou auteur de sa vie ?
Posted on 17 October, 2016 at 15:44 |
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Le coach voyageur
Posted on 5 September, 2016 at 11:00 |
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La pause
estivale touche à sa fin, les derniers aoûtiens sont de retour de vacances,
après avoir éventuellement bravé le bouchon du Gothard et défait leurs valises.
C’est aussi le moment de revoir des voisins, des collègues de travail et des
amis pour leur parler d’une des activités principales en lien à la parenthèse
de l’été : notre (ou nos) voyage(s).
Je dois
vous avouer humblement que je redoute cet exercice : que cela soit la
Floride, Zermatt ou l’Andalousie, les récits de mes interlocuteurs (et les miens
aussi, d’ailleurs) me mettent souvent mal à l’aise, car ils se limitent la
plupart du temps à une énumération de faits, d’anecdotes et, parfois,
d’exploits dignes d’un bon polar, d’un film de James Bond quand ce n’est
pas d’un des épisodes des Bronzés. Ces
partages me laissent souvent sur ma faim : je constate en effet que,
au-delà de l’échange d’informations, la véritable communication, c’est-à-dire
celle qui consiste à livrer ses ressentis et ses émotions, a rarement lieu et
mon interlocuteur et moi-même ne faisons que de nous croiser sans véritablement
nous rencontrer, l’objectif principal de la discussion étant de montrer à
l’autre (et probablement aussi à soi-même) que notre voyage a été une réussite
et/ou que nous avons « fait quelque chose » de nos vacances. Et
pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de glaner ici et là quelques signes de
vécu et d’authenticité. Comme Proust, cité par Laurent Gounelle ,
j’essaye de me dire que "le seul véritable voyage, le seul bain de
Jouvence, ce ne serait pas d'aller voir de nouveaux paysages, mais d'avoir
d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres, de
voir les cent univers que chacun d'eux voit, que chacun d'eux est". Je cherche donc à me mettre dans la peau, dans le
cœur, dans la tête, d’ « embrasser
l’univers » de l’autre en l’écoutant et lui posant des questions pour
en savoir plus, parfois avec succès, souvent en restant cependant dans le
registre du « faire » et non de l’ « être ». Comme souvent, « je
suis sûr des mes doutes et je doute de mes certitudes » (Bertrand
Piccard ). J’ai
cependant l’intime conviction que, à l’instar d’un personnage d’une des
intrigues « philosophico-psychologiques » d’Irvin Yalom, j'apprends
à lire dans mes pensées pour que, fort de cette expérience, je puisse aider les
autres à le faire dans les leurs. Le but n’est donc pas tellement de savoir si
je peux ou si je dois voyager dans l’univers de mon interlocuteur, mais plutôt
de me donner les moyens de voyager dans mon propre monde afin de pouvoir aider
mon vis-à-vis à réaliser son propre périple, son propre voyage intérieur. Que je sois « le voisin qui raconte ses
vacances » ou celui qui endosse l’habit de coach, la profondeur du voyage
ne m’appartient pas : cette responsabilité revient à mon vis-à-vis. Ma
tâche principale consiste donc probablement à être un voyageur intérieur prêt à
accompagner la personne aussi loin qu’elle est d’accord d’aller, la véritable
destination résidant dans le voyage en lui-même. Sans oublier que, comme le
relève Gandhi, « le plus grand voyageur n'est pas celui
qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le
tour de lui-même. » Olivier Mack, formateur et coach indépendant (www.mackoaching.net) (Cet article est une reprise illustrée du "Billet du coach" de septembre 2016, publié sur le site de Coaching-Services)
Gounelle, L. (2010). Les dieux voyagent toujours incognito.
Paris: Anne Carrière/Pocket.
Servan-Schreiber, J.-L. (2015). C'est la vie.
Essais. Paris: Albin Michel.
Piccard, B. (2014). Changer d'altitude pour mieux
vivre sa vie. Quelques solutions pour mieux vivre sa vie. . Paris: Stock
Yalom, I. (2012). Le problème Spinoza. Paris:
Editions Galaade, Le Livre de Poche.
Vergely. B. (2014). Deviens qui tu es. Quand les
sages grecs nous aident à vivre. Paris : Albin Michel.
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