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Prenez soin de vous ! Une injonction paradoxale ?
Posted on 2 January, 2022 at 11:00 |
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« Et de nos maladies, la plus sauvage, c'est mépriser notre être » (Montaigne)
À la fois en tant que personne ayant vécu elle-même un épuisement professionnel et comme professionnel qui s’est spécialisé dans le domaine de l’accompagnement aux individus victimes d’un burn-out, la question du soin est éminemment centrale. Deux spécialistes romandes de la problématique (1) proposent en effet un « triptyque » qui permet de structurer l’action dans ce domaine : « Repos – Soin – Retour au travail ». Les limites entre ces trois étapes sont perméables et le fait de se reposer ou de revenir au travail se fait à la lumière du soin, valeur centrale en matière d’épuisement.
Si la grande majorité des personnes que j’accompagne sont au « bout du rouleau », c’est en effet précisément parce qu’elles n’ont pas « pris soin » d’elles, ce qui a conduit à une sur-adaptation aux attentes, réelles ou fantasmées, de leur contexte professionnel et à un non respect de ses propres besoins et limites. Ce processus est d’ailleurs à un tel point avancé chez la plupart d’entre elles que, lorsque je leur pose la question de comment elles/ils comptent « prendre soin » d’elles/d’eux, ces personnes sont dans l’incapacité d’y répondre, habituées à se laisser définir par les circonstances extérieures depuis plusieurs années.
La tentation est alors grande d’avoir recours à des « to do lists », facilement localisables sur internet, et qui se résument à des impératifs dans les domaines physiques (« Reposez-vous ! », « Faites du sport ! », « Mangez sainement ! »;), sociaux (« Donnez et recevez de l’affection ! », « Demandez de l’aide ! »;), cognitifs (« Lisez ! », « Méditez », « Écrivez ! » et émotionnels (« Soyez positifs ! », « Pardonnez-vous ! »;). Ces listes et principes de base me laissent songeur et je suis très réticent à les utiliser dans mes accompagnements. Je me questionne en effet sur l’emploi du mot « soi » dans l’expression « prendre soin de soi ».
De quel « soi » parle-t-on ?
Sans prétendre répondre de manière exhaustive à cette interrogation, j’aimerais m’appuyer sur deux auteurs pour avancer quelques hypothèses.
Pour Moussa Nabati (2) , psychiatre français d’origine iranienne, « être soi veut dire s'aimer, s'accepter, se respecter tel qu'on est, dans son corps, son âge et son sexe, en jouissant notamment d'un psychisme séparé, différencié, autonome, dégagé des confusions d'identités, de places et de fonctions » (p. 19), un processus qui passe par la prise de conscience « de ces forces "négatives", dans le but non pas de s'acharner à les éliminer - car plus on les embête et on les fuit, plus, paradoxalement, elles redoublent de brutalité -, mais de les respecter un tant soit peu pour s'en protéger. » (p. 94).
Si les personnes que j’accompagne se sont « pris un mur », c’est toutefois très souvent parce qu’elles étaient dans l’incapacité – partielle du moins – d’être soi, trop occupées à se façonner un « faux self » ainsi qu’à créer et à entretenir une illusion.
C’est ainsi que celles et ceux qui vivent cette épreuve et sont d’accord de s’aventurer dans l’épopée et le voyage en direction d’un « soi » plus vrai et authentique se retrouvent confronté-e-s à une de leurs plus grandes difficultés : celles d’accueillir, en toute bienveillance, sans jugement, sans rejet ni combat ce qu’elles ou ils ont le plus redouté avant le burn-out, à savoir leurs ombres et leurs démons, leurs émotions « négatives » et leurs états d’âme. Or, comme l’avance Lytta Basset (3), « prendre soin de la blessure suppose : s'arrêter, se mettre en retrait, être attentif à son intériorité » - une intimité que les personnes concernées peinent souvent à rencontrer, victimes d’une logique d’extimité dans laquelle elles se sont laissé enfermer.
Intervient ici le deuxième auteur sur lequel j’aimerais m’appuyer, à savoir Jean Monbourquette (4) qui, dans un ouvrage devenu un classique , fait la distinction entre d’une part le soi, le « je », « l’ego » propre au vocabulaire de la psychologie et du développement personnel, et d’autre part le « Soi », « l’image de Dieu » qui fait référence à la dimension spirituelle, aux racines essentielles et à la Source présentes en chacun-e d’entre nous. Selon cet auteur, prêtre et psychologue, être pleinement soi consiste donc à développer l’estime de soi ET à découvrir les richesses intérieures du Soi.
Mises à part quelques allusions à la méditation, au contact avec la nature ou à la nécessité de se mettre « en stand by », de « faire le mort » ou de « profiter du silence », qui témoignent plus d’une approche techniciste de la spiritualité que d’un encouragement à approfondir cette dimension, les injonctions en lien au « prendre soin de soi » s’adressent presque exclusivement au « soi » et éludent le « Soi ». C’est pourtant dans cette dernière dimension que les personnes que j’accompagne trouvent souvent la force et les ressources, en plus de celles qu’elles avaient déjà au préalable, pour mettre leur énergie au service non de la survie mais de la Vie. En effet, comme l’avance Alexandre Jollien (5) , « au fond du fond, subsiste une part indemne, intouchable, que rien ne peut souiller. À la surface, les crispations, le manque, les tourments de notre individualité peuvent secouer dur, mais rien ne s'oppose à la grande santé qui circule en abondance sous la panique, l'avidité, les ruminations qui ne font que voiler, par intermittence la sagesse qui inonde un cœur ».
C’est ainsi que Sophie (6) , qui se remet d’un épuisement émotionnel et cherche à définir un nouveau projet de vie professionnelle, réalise que les activités sportives, artistiques et sociales qu’elles a pu reprendre récemment grâce aux assouplissements en lien à la situation sanitaire la fatiguent beaucoup alors qu’elle pensait pouvoir s’y ressourcer. Après discussion, Sophie réalise que, au fond, son véritable besoin consiste à être seule avec elle-même ce qui passe pas apprendre à dire « non » aux nombreuses sollicitations et « oui » à ce que ces rendez-vous avec elle-même lui permettront de découvrir.
Du diktat du soin de soi
Même si l’encouragement « prenez soin de vous ! » part d’une bonne intention (dont l’Enfer est souvent pavé, dit-on), il est vide de sens s’il n’est pas accompagné d’une réflexion autour de ses enjeux, au risque sinon de se retourner contre ses finalités. De plus, pour le dire avec les mots de Mireille Cifali (7) , « une relation ne se décrète pas, elle se vit », cela d’autant plus lorsqu’il s’agit de celle avec son « moi » et son « Soi » : des injonctions extérieures ne vont donc pas forcément aider des personnes désorientées à prendre soin de leur intériorité.
En ce qui me concerne, et plutôt que de véhiculer des injonctions, je vais continuer à accompagner les personnes que la vie place sur mon chemin en prenant soin de l’outil principal de tout accompagnant-e : elle-même/lui-même. Le soin se joue en effet aussi (et parfois surtout) au niveau de l’alliance entre l’accompagné-e et l’accompagnant-e-, véritable lieu de bienveillante co-construction et de transformation. De plus, lorsqu’on est deux, on est toujours trois : l’Autre est présent, à condition bien-sûr d’être d’accord de lui laisser de la place.
PS : Cet article est paru dans une version différemment illustrée dans la revue Itinéraires n°115/2021/3
(1) Droz, N. & Wahlen, A. (2018). Burn-out, la maladie du XXIème siècle ? Lausanne : Éditions Favre.
(2) Nabati, M. (2006). Le bonheur d'être soi. Paris: Fayard
(3) Basset, L. (2006). Au-delà du pardon. Le désir de tourner la page. Paris : Presses de la Renaissance, p. 76.
(4) Monbourquette, J. (2001). De l’estime de soi à l’estime du Soi. Paris : Bayard.
(5) Jollien, A. (2018). La sagesse espiègle. Paris: Gallimard, p. 216
(6) Prénom d'emprunt
(7) Cifali, M. (2019). Préserver un lien. Ethique des métiers. Paris : PUF, p. 10
Oser l’ennui, le vide et se sentir en vacance(s) toute l’année.
Posted on 6 March, 2016 at 5:03 |
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Lors
d’un récent entretien avec une étudiante en formation, mon interlocutrice a
évoqué le plaisir qu’elle a ressenti, lors d’un séjour organisé par la HEP dans
un pays partenaire en Afrique, d’avoir des moments pendant lesquels elle
pouvait enfin s’ennuyer et arrêter de penser à tout ce qu’elle devait, voulait
ou pouvait faire. Sa
remarque a bien sûr fait écho en moi. L’ennui est en effet une de mes
principales contre-valeurs et je n’en ai pris conscience que bien après mon
burn-out. Lors du travail entrepris pour me permettre de me reconstruire et de
préparer un nouveau départ, j’ai principalement identifié les valeurs que
j’avais oubliées et probablement bafouées, telles que le besoin de liberté et
d’indépendance ou encore le plaisir, le bonheur et la spiritualité. Par
contre, ce n’est que tout récemment, dans le cadre d’un atelier organisé par
mes collègues et amis Natacha Andenmatten et Eric Gubelmann (que je salue et
remercie au passage), que j’ai pris conscience de l’importance des
contre-valeurs. L’effet pervers des contre-valeurs est donc de créer,
à terme, « des attentes, des peurs et donc de potentielles usures »
car, plutôt que de faire des choix en fonction de ce qui est important pour
nous, nous sommes amenés à prendre des options pour fuir ce que nous craignons
le plus. Ce qui, fatalement, nous amène à vivre une vie « par
défaut », en creux et faite de fuites successives. En ce qui me concerne, j’ai toujours fuit
l’ennui : dès qu’il se présentait, je me trouvais une activité physique,
intellectuelle ou, plus rarement, manuelle (je pense, en ce qui me concerne, à
la cuisine). Le fait de ne pas avoir pris conscience que, souvent, mon choix
était motivé par la fuite de l’ennui a contribué en bonne partie à ma suractivité
et, par la suite, à mon épuisement. Cela d’autant plus que l’activisme est
largement encouragé par la société et par le monde du travail : des
sirènes au chant desquelles je n’ai que trop succombé. La recherche du
« pourquoi » n’est cependant pas forcément aidante pour arriver à
vivre avec nos contre-valeurs, du moins de mon expérience. J’ai donc dû
développer des stratégies pour me permettre de vivre au mieux avec ma peur de
l’ennui. En commençant par l’accepter et l’accueillir, même si, pendant
plusieurs années, cette étape a parfois été douloureuse. En effet, le fait
d’accueillir la peur de l’ennui passe par l’acceptation du vide. Alors qu’un
très grand sentiment de vacuité m’habitait dans les mois qui ont précédé la
rupture, le vide s’est imposé à moi presque du jour au lendemain : mon
corps et mon cerveau refusant de coopérer, j’ai été contraint d’observer de
très longues pauses pendant lesquelles je ne pouvais plus fuir l’ennui,
m’obligeant à le regarder dans les yeux. Dans un premier temps, ce fut
l’affrontement, le duel qui n’a fait que renforcer l’anxiété. Puis, progressivement,
le combat a laissé la place à une cohabitation, à une réconciliation permettant
à la peur de l’ennui de prendre sa juste place sans pour autant continuer à
diriger ma vie. J’ai ensuite inverser
le paradigme : plutôt que de remplir ma vie jusqu’au point de débordement,
j’ai décidé d’y introduire du vide. D’une part, en tentant de délester mon
quotidien de tout ce qui ne me faisait pas du bien car ne correspondant ni à
mes valeurs ni à mes besoins, et, d’autre part, d’organiser mon temps en
partant des espaces vides. C’est cette dernière
stratégie qui m’a conduit à aménager des pauses sur le modèle du « un
partout » (une heure par jour, un jour par semaine, une semaine et un
week-end par mois) au sujet duquel j’ai rédigé un précédent billet. Au quotidien,
ce choix m’amène à profiter de chaque possibilité pour ne rien faire et pour
m’ennuyer. Un ennui choisi, conscient, consenti et, par conséquent, fertile.
Aux antipodes de l’ennui que je peux ressentir lorsque je subis la situation –
cela m’arrive encore parfois, mais heureusement de moins en moins – en me
retrouvant « coincé » parmi mes semblables à devoir écouter – et
parfois prononcer – des propos qui ne me nourrissent pas et me laissent avec un profond sentiment de vide, une vacuité de sens cette fois-ci. Alors qu’avant mon
burn-out, je profitais de chaque minute pour la remplir par une activité
quelconque afin de surtout ne pas m’ennuyer, je savoure aujourd’hui ces moments
pour ce qu’ils sont : du temps pur ; du temps pour écouter la vie
couler dans mes veines, pour écouter mon battement de cœur, pour être attentif
à mon corps, à mes sensations, à mon souffle comme me l’a enseigné la
méditation ; pour écouter la vie qui vibre tout autour de moi ; pour
écouter le silence qui habite chaque intervalle de bruit, qu’il soit intérieur
ou extérieur. Car, comme le dit
très bien Charles Pépin dans sa « carte blanche » du Psychologie
Magazine de février dernier, « s’ennuyer c’est vivre », s’ennuyer
c’est permettre « à des idées de cheminer, à des décisions de mûrir, à la
vie de prendre son temps. Car, « il n’y a pas de plénitude sans moments de
battements : s’il n’y avait pas de moments « vides », nous
n’aurions jamais de sentiment de plénitude ». Avoir une vie bien
remplie, c’est donc aussi accepter voir introduire le vide dans le plein. Pour
éviter le « trop-plein », grand ennemi de la plénitude. Et pour se
rendre disponible à la vie ; pour se laisser émerveiller par les détails
du quotidien ; pour voir la beauté qui, comme le dit Oscar Wilde,
« se trouve dans les yeux de celui qui regarde » ; pour dire
merci à cette vie qui nous permet, jour après jour, de la savourer ; pour « être »,
tout simplement, au lieu de « faire ». Et, après une période bien chargée, nous nous réjouissons des prochaines vacances pour pouvoir récupérer….et se
préparer à la prochaine « apnée (sur)activiste ». Quand ce n’est pas
pour reproduire, pendant cette pause réparatrice, les schémas habituels en
remplissant les journées d’activités qui nous laissent parfois plus vidés que
pleins. Et le vide ne fait
pas uniquement peur à la société, il peut également être source d’angoisse pour
l’individu qui l’accepte voir le cultive. Nous n’avons en effet pas peur de
l’ennui et du vide pour rien : il nous oblige parfois à accueillir ce que Rilke
appelle nos « lions intérieurs » : stress, angoisse, tristesse,
colère et, par dessus tout, la solitude. Comme l’avance Fabrice Midal dans sa
lettre de février 2016, fuir l’ennui et le vide reviendrait soit à vouloir ignorer
soit à vouloir vaincre ces « lions », au lieu de choisir la voie de
la réconciliation avec cette vulnérabilité qui nous fait peur et que nous
tentons d’anesthésier en remplissant nos journées d’occupation et de
préoccupations diverses, même parfois pendant les vacances. Or, le mot
« vacance » vient du latin « vacuum » qui veut dire
« vide » (Merci à Laurent d’avoir attiré mon attention sur
l’étymologie souvent inconnue du mot). Une manière d’être « en
vacances » tous les jours serait donc d’accueillir voire de créer et
d’aménager consciemment des moments de vide et de les utiliser pour s’ennuyer.
Avec joie et délectation, sans nous laisser abrutir par la télévision ou se
jeter soit sur son Smart- ou I-Phone ou sur le premier journal de boulevard
venu. Pour se sentir vivre et vivant. Je ne peux donc que
vous encourager à faire une pause, une vraie « vacance » le plus
rapidement et le plus longtemps possible, après avoir lu ce texte par exemple.
Et de laisser venir l’ennui. Pour y prendre du plaisir et pour goûter la vie. Et
peut-être aussi pour observer vos « lions intérieurs » et les
accueillir avec bienveillance, car ils sont la preuve que vous êtes vivants. Bonne suite de
chemin, bon ennui et une vie bien remplie….de vides ! |
S'étoiler : être auteur ou acteur de sa vie ?
Posted on 24 December, 2015 at 9:36 |
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Après avoir goûté aux joies de l’art choral
pendant près de 6 ans, je me suis décidé, depuis le mois de septembre 2015, de
m’initier au dessin et à la peinture dans le cadre des activités d’Aubonn’Art
(plus sur http://aubonn-art.ch/). Accompagné par des enseignantes à la fois expérimentées et faisant
preuve d’un grand sens pédagogique, j’ai progressivement pris confiance en mes
capacités d’artiste en herbe. Lorsqu’en octobre, Sophie Costantini,
responsable des cours, a proposé aux participant-e-s de peindre une toile pour
l’exposer dans le cadre d’une exposition prévue pour le mois de décembre, j’ai
d’abord ressenti de la peur et de la résistance en moi : parmi mes démons,
certes conscientisés mais toujours bien présents, celui du « fais le
maximum pour briller » m’a tout de suite mis la pression. Rassuré par l’idée que je pouvais très bien ne
pas exposer mon œuvre si je ne « me la sentais pas », je me suis
retrouvé devant mon cadre, blanc et immaculé, sans aucune idée ni de ce à quoi
le produit fini pourrait bien ressembler et encore moins du comment j’allais
m’y prendre. J’ai alors procédé comme je le fais souvent
lorsque « rien ne vient » ou en cas de doute : j’ai fermé
les yeux, me suis installé quelques minutes dans une posture méditative et,
sondant mon intériorité, me suis rendu disponible à ce qui allait émerger.
Après quelques « flashs » peu concluants, une image m’est apparue, très nette : une ronde d’étoiles surgissant du fond de
la nuit en suivant une trajectoire en spirale, le tout allant du plus petit et
sombre au plus grand et lumineux. Après quelques séances où j’ai été initié à
l’utilisation de l’acrylique et de la craie sèche, ce qui s’offrait à mes yeux
était assez proche de ma vision initiale : Même si je n’adhère
par entièrement à la proposition du « Surhomme » du philosophe
allemand, notamment dans l’affirmation de la « Volonté de puissance »
dont l’Histoire a pu constater les dérives totalitaristes dans le pays d’origine
de l’auteur, je ne peux que souscrire à la question que pose ce paradigme :
celle de la finalité de l’homme et de sa capacité de se créer un avenir. Cette interrogation
représente en effet le fil rouge non seulement de mon parcours de vie mais
également de celui des personnes que j’accompagne : quel sens est-ce je
veux donner à ma vie ? qu’est-ce qui m’aide à définir à la fois la
direction et la signification du chemin sur lequel je me trouve et qui me reste
à parcourir ? quelle est ma marge de manœuvre et de créativité dans
l’élaboration de ce tracé ? Sur quoi ai-je un pouvoir d’action et
qu’est-ce qui m’échappe ? L’image de
l’« étoile » qu’utilise Nietzsche est un classique de la littérature
dans le vaste champ du développement personnel. Je me limiterais ici à deux
références qui me paraissent utiles, à la fois en tant que personne et comme
accompagnant. La premier point de
repère est en lien à un titre de paragraphe du livre de Thomas D’Ansembourg, Cessez d’être gentils, soyez vrais !
(Montréal, les Editions de l’Homme, 2001) : « Mieux vaut s’étoiler
que s’étioler ». L’auteur français, chantre de la communication non violente,
se base sur le constat que « nous n'avons pas appris à être aimés comme nous sommes
mais à être aimés comme les autres voudraient que nous soyons » (p. 172)
pour souligner l’importance de reconnaître et de faire reconnaître ce qui
permet de nous « étoiler », c’est-à-dire nos émotions et les besoins qui y
sont liés. La deuxième référence s’appuie sur le livre de François Delivré, Questions de temps (Paris :
InterÉditions, 2013) dans lequel le coach français souligne l’importance, dans
la mise en œuvre de nos projets personnels, de définir nos finalités profondes,
nos « étoiles », afin de garder le cap en toute cohérence sur notre
route. Ces « étoiles » se situent pour l’auteur à quatre niveaux :
celui de la survie, de la vie agréable, de l’accomplissement de soi et du
dépassement de soi. Pour ces deux derniers points, Delivré propose deux voies possibles en ce
qui concerne la gestion du temps : celle de la construction de soi –
atteindre ses objectifs, savoir qui l’on veut être et le devenir – et celle qui
consiste à se laisser porter par le temps et faire confiance à la vie. Ainsi,
« autant la première voie se vit dans le volontarisme, la réussite des
projets, la patiente construction de soi-même, autant la seconde se vit dans
l’abandon, le discernement intérieur, le « lâcher-prise » au niveau
du temps. La première voie est d’ordre humain, la seconde est d’ordre spirituel
(…) mystique » (p. 72-73). Dans ma compréhension, la citation de Nietzsche est une tentative de
concilier ces deux voies. Pour que naisse l’étoile qui danse, symbolique de
l’accomplissement et de la réalisation de l’homme créateur de sa vie, il
« faut encore avoir du chaos en
soi » : un abîme permanent et insondable où cohabitent nos ombres et
nos lumières, nos contradictions, nos désirs et nos peurs, nos doutes et nos
certitudes, notre enfer et notre paradis. Or, ce chaos, ce magma dynamique, changeant, en grande partie mystérieux et
difficilement maîtrisable est porteur de fruits car, pour le dire avec les mots
de Jacqueline Kelen (La Puissance du cœur,
Paris, La Table Ronde, 2009, p. 87) « plus l’être humain va
vers l’intérieur, vers la nuit des profondeurs, et se baigne dans le silence,
et plus le paysage s’ouvre et s’éclaire, plus le ciel s’étoile ». Tout acte de création – que cela soit d’un texte, d’un
tableau et, à plus forte raison, de sa propre vie – résulte donc d’un double
mouvement : vers l’extérieur et vers l’intérieur. Si, dans la première
logique, propre au développement personnel, nous sommes susceptibles d’être les
auteurs de notre vie en définissant les tenants et aboutissants de notre projet
de vie, la deuxième approche invite à l’humilité : à la fois notre
inconscient – notre chaos intérieur – et certaines contraintes inhérentes à
notre réalité et à la vie dans sa compréhension la plus vaste limitent le pouvoir des acteurs que nous sommes et conditionnent le rythme de notre
« chantier » ainsi que celui de l’ « avancée des travaux ». Et que faire alors lorsque la situation semble bloquée et
cela malgré toute notre bonne volonté et le travail que nous pouvons faire pour
nous « étoiler », pour exprimer et (faire) couvrir nos besoins et pour vivre en bonne intelligence avec notre
« chaos » intérieur ? Il s’agit alors de se rappeler que le sens de la vie ne
réside pas uniquement dans la direction que nous voulons lui donner et dans les
projets que nous nous efforçons de réaliser, mais que, humblement, les graines
des fruits à venir se plantent dans l’ici et maintenant. Car, comme le dit si bien Christiane Singer (Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le
ciel est en toi ? Paris : Gallimard, 2001, p.45), « chaque geste que tu
fais peut t'ouvrir ou te fermer une porte (…) À chaque instant la porte peut
s'ouvrir sur ton destin et par les yeux de n'importe quel mendiant, il peut se
faire que le ciel te regarde. L'instant où tu t'es détourné, lassé, aurait pu
être celui de ton salut. Tu ne sais jamais. Chaque geste peut déplacer une
étoile. Cette certitude que tout, aussi
minime en apparence et à chaque instant, puisse être relié à la face cachée du
monde, transforme radicalement la vie. Le brouillard de l'insignifiance est
levé. » En écrivant ces lignes, mes pensées vont à toutes les personnes que j’ai
accompagné et que j’accompagne au quotidien, que cela soit à titre
professionnel ou privé. Et elles vont aujourd’hui principalement à Sophie Henry, magnétiseuse à
Nyon, à qui la vie a offert des dons thérapeutiques qui lui ont permis
d’accompagner avec amour, joie, humilité, humanité et générosité un grand
nombre de personnes souffrant dans leur âme et dans leurs corps. En ce qui me
concerne, elle m’a permis d’y voir clair dans mon « chaos » et de
rester en lien avec mes « étoiles » en toute humilité. Ma dernière
visite dans son cabinet remonte au jeudi 10 décembre dernier : mon dos
était bloqué, j’étais coupé en deux et Sophie m’a rendu attentif, avec
bienveillance, que je voulais à nouveau « aller plus vite que la
musique » et contrôler….l’incontrôlable. La vie donne et reprend : Sophie nous a quitté suite à une rupture
d’anévrisme, le dimanche 13 décembre 2015, alors que probablement plusieurs
projets, plusieurs étoiles s’apprêtaient à danser dans le ciel de sa vie. Malgré
la tristesse et le chagrin que je ressens à la pensée de ce départ précipité et de tout ce
que Sophie aurait encore pu accomplir, il y a en moi un sentiment de joie lié à
une certitude : même si elle n’est plus physiquement parmi nous, son âme
et son énergie se sont élevées, se sont « étoilées » et, de là où
elle est pour l’éternité, elle continue à prendre soin de tous ceux qu’elle
aime. À vous toutes et tous, je vous souhaite de tout cœur de très belles fêtes
de Noël et une année 2016 qui vous permettra de vous « étoiler » et
de vous accomplir tout en développant la capacité de vous émerveiller devant
chaque petit détail, les yeux pleins d’ « étoiles ». PS Et, à nouveau, un grand merci à Félix, mon fils, pour ses superbes photos de ciels étoilés (plus sur https://www.flickr.com/photos/[email protected]/) |
De l’illusion au réel…et retour.
Posted on 10 October, 2015 at 12:27 |
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Que cela soit par
rapport à mon propre vécu de « burn-outé » ou à celui des personnes
que j’accompagne lors d’une rupture de vie, je constate qu’un processus
irrémédiable s’enclenche et n’autorise que rarement un retour en arrière :
la désillusion. Ce mot-valise revêt
plusieurs significations qui correspondent chacune à des étapes qui jalonnent
le chemin emprunté. Comme pour les textes précédents, je me propose de
témoigner en faisant appel à mes souvenirs personnels en précisant, une fois
encore, que je ne prétends en aucune façon avoir raison ni de vouloir imposer
mon point de vue à qui que ce soit. Dans cette première
expression de la « dés-illusion », j’étais non seulement contraint de
me décevoir (ou « dé-se voir »), c’est-à-dire de me voir tel que
j’étais vraiment, sans masque ni artifices, mais également amené à décevoir d’autres
personnes pour qui cette illusion était une réalité à laquelle – pour des raisons
qui leur appartiennent – il était confortable de croire. J’assistais donc à la
mise en pièce de mes illusions : un processus douloureux, accompagné d'une
grande souffrance et de peurs abyssales suscitées par des interrogations sans
réponse dont LA question : « quel sens vais-je donner à ma vie
maintenant ? » Au début, je
contemplais toute cette agitation avec jalousie, colère et désespoir :
quel sens avait donc encore ma vie si je ne pouvais pas remonter sur scène et
jouer ma partition comme les autres ? Quelle était donc mon utilité
« ici-bas » si je ne pouvais par remonter en selle sur mon cheval et
galoper avec les autres dans le manège de la vie ? Cette désillusion-là
m’a ensuite mené progressivement vers ce que j’appelle une
« dés-identification » : comme il m’était physiquement et/ou
psychiquement impossible de porter les habits des personnages qui participaient
à la construction de mon illusion, je me suis progressivement délesté de mes
oripeaux, devenus inutiles car inutilisables, pour trouver mon identité dans la
seule action sur laquelle j’avais encore un semblant de maîtrise : mon
souffle. Pour le dire avec les
mots de Frédéric Lenoir, « nous ne pouvons pas d'avantage contrôler
totalement notre vie professionnelle soumise à tant d'aléas externes, ni nous
obstiner à vivre dans l'illusion de stabilité et de sécurité. Alors faisons de
notre mieux pour maîtriser ce qui peut l'être » (Petit traité de vie intérieure, 2010, p. 31). La plupart des
repères que j’avais patiemment construits pour me donner l’illusion que je
contrôlais ma vie et la vie s’étaient effondrés les uns après les autres :
le seul lieu sûr qui me restait (et me reste encore) était (et restera à
jamais) mon intériorité à laquelle un travail conscient, patient et régulier
sur ma respiration et mon corps me permettait (et me permet toujours)
d’accéder. Comme j’ai pu
l’expliciter dans un autre texte, l’accès à ce lieu de vie
intérieure n’a été et n’est possible qu’en accueillant mes émotions et mes
blessures, d’autant plus présentes que je les avaient ignorées pendant des
années, faisant de mes ombres de véritables fantômes. Ou, devrais-je dire,
des fantasmes – fantasma veut
dire fantôme en italien –,
c’est-à-dire des illusions. Si nos émotions et nos blessures sont bien réelles,
ce qui l’est moins c’est ce que notre ego et son fidèle allié, le mental, en
font : des productions qui distinguent l’être humain de tous les autres
êtres vivants ; des pensées qui, si nous n’y prenons pas garde, dirigent
notre vie sur le mode « pilote automatique » alors que nous sommes
persuadés de garder le contrôle du véhicule. Et c’est là une
étape-clé du processus de désillusion tel que je l’ai vécu : le mâyâ, concept central dans la
spiritualité hindouiste, que Yvan Amar définit comme étant « notre
réaction au monde et l'illusion et la souffrance qu'elle engendre » (L’effort et la grâce, 1999, p. 177). Ce
que nous pensons être la réalité n’est donc qu’une construction de notre
mental. Et une construction de la seule réalité tangible et incontestable :
le réel que Jean-Louis Servan-Schreiber voit dans le grand tout, le non-moi,
l’univers, l’inaccessible, l’essentiel, le mystérieux (C’est la vie. Essais, 2015, p. 33-36). Une vision qui
rejoint ce que mon intuition ainsi que le fait d'avoir côtoyé la mort m’ont si souvent soufflé à l’oreille : le silence intérieur, le Rien, le
Vide sont souvent la seule réalité qui ne soit pas une illusion. Et que c’est à
partir de ce « lieu-refuge » que je dois négocier avec moi-même mes
actions, mes choix et mes décisions à prendre dans la réalité du théâtre de la
vie qui, comme le dit Albert Einstein, « est simplement une illusion, quoique très persistante. ».
Pour ma part, j’ai fait mienne la devise de Jean Bouchart d’Orval (Le Secret le mieux gardé, 2007, p.
255) : « jouer le jeu sans s'y prendre, sans s'y perdre ». Cela dit, même si je
vois aujourd’hui le monde comme une gigantesque tragi-comédie et que cette
vision peut avoir quelque chose de ludique (de ludus, le jeu en latin), la vie
me rappelle invariablement que cette philosophie s’inscrit dans une démarche
spirituelle qui, pour le dire avec les mots de Jacqueline Kelen, « est âpre, tendue, exigeante : lutte
intérieure contre les prétentions et les illusions du moi, gouvernement des
passions, résistance active face aux tentations nombreuses sur le chemin, face
à la peur (…) une ascèse,
c'est-à-dire une discipline, un exercice constant, une pratique rigoureuse. »
(Sois comme un roi dans ton coeur,
2015, p. 120). Mon odyssée intérieure et le processus de
désillusion m’ont fait me sentir souvent très mal à l’aise dans une réalité qui
pour moi n’en était plus une. Je me sentais souvent complètement coupé et
isolé, assistant tel un spectateur incrédule aux gesticulations de mes
congénères affairés à entretenir leurs illusions. Aujourd’hui, j’ai l’impression de
m’être à nouveau « réincarné » et de réinvestir mes personnages
d’avant avec une conscience nouvelle. C’est un vrai soulagement de retrouver
mes anciens repères et d’être en pleine possession de mes moyens physiques,
psychiques et intellectuels. Et c’est aussi une source de crainte : celle
de me laisser à nouveau guider par mes fantasmes, par mes illusions et par mon
ego, tout puissant et narcissique ainsi qu’angoissé et anxieux. Le fait de partager mon vécu ainsi que mes
réflexions, doutes et convictions, comme je le fais dans le cadre de mon blog, lors
des témoignages en public ou, beaucoup plus rarement, en tant que coach, me
sert donc avant tout d’« Assurance-Vie » : une manière de rester
« Vie-gilant » sur ce nouveau chemin. Même si ces activités peuvent
également mettre en avant mon ego, que cela soit à mes yeux ou à ceux des
autres. Un paradoxe dont je suis conscient et qui se révèle à la fois être une
force et un frein sur ce nouveau chemin. C’est certainement aussi le prix à payer pour
contribuer à la genèse de l’Homme en moi et en l’autre, dans toute sa
complexité, sa profondeur et son mystère. Une finalité qui, comme le soulève
Georges Haldas, peut à la fois représenter « le sens le plus profond ou (une)
suprême illusion » dans ma vie. PS Les illustrations de ce texte sont des peintures d'une jeune artiste américaine, Meghan Howland, dont j'ai apprécié la sensibilité et le mariage entre surréalisme et réalisme (plus sur son site : www.meghanhowland.com) |
Cheminer en confiance et lâcher prise
Posted on 22 March, 2015 at 6:12 |
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« Il est bon de faire confiance au temps qui passe : l'avenir nous révèle toujours ses secrets. » (Eve Belisle) l’ « impasse de Froideville » ? Cela fait longtemps
que je ne crois plus au hasard, cette « indiscrétion du Ciel » et,
depuis mon burn-out, j’ai négocié avec mes penchants superstitieux, cousins de
la pensée magique. C’est donc un beau clin d’œil que me fait la vie, à laquelle
j’aimerais faire honneur dans ce texte en parlant de la confiance. Étymologiquement, ce
mot vient du latin « cum fides » et veut dire « avec foi ».
Frédéric Lenoir, dans son Petit traité de
vie intérieure, parle d’ailleurs de « foi-confiance », cette
force qui nous permet d’avancer, de changer, d’apprendre encore et toujours
ainsi que de nous connaître de mieux en mieux. Pour répondre à cette
question, je vais me reposer principalement sur mon ressenti et sur mon
expérience combinée d’être humain et d’accompagnateur d’autres êtres. Comme
dans mes textes précédents, mes propos n’ont comme unique but que de
témoigner : à chacun d’en tirer ce qui lui semble pouvoir l’aider à
avancer dans sa situation. Il me semble que, en
matière de « foi-confiance », j’ai tout d’abord envie de me faire confiance, d’avoir foi en mes
ressources intérieures, en mes forces. Mais quelles sont-elles ? À vrai
dire, je ne ressens pas le besoin d’en faire une liste qui, de toute manière, ne
pourrait être exhaustive. En effet, à chaque expérience nouvelle, j’en découvre
d’autres et je prends également conscience que ce que je pensais être acquis ne
l’est pas autant que je l’aimerais. Mon vrai besoin
réside plutôt dans la réponse à la question : qu’est-ce qui m’a permis
chez moi de prendre conscience de ce qui, dans une situation donnée, pouvait
représenter une force ? Si je reviens sur mon parcours de vie, quelle
force intérieure m’a permis à chaque obstacle, à chaque chute, à chaque épreuve,
grande ou petite, de me relever, de repartir, de reconstruire et de saisir
l’opportunité de grandir ? Mais ma voix (ou
voie) intérieure n’a pas été ma seule source d’inspiration dans laquelle j’ai
puisé ma confiance. Ma foi s’est également tournée vers les autres : amis,
alliés, personnes ressources, soutiens précieux, vitaux parfois. Il ne suffit
pas de se faire confiance : encore faut-il avoir confiance dans la
capacité des autres…d’avoir foi en nous et en notre projet de vie. Au risque de
se retrouver enfermé dans sa propre solitude, orgueilleuse et fière. Pour le dire avec les
mots de Jacqueline Kelen (L’Esprit de
solitude), « on est toujours plus seul qu'on ne le croit et bien moins seul
qu'on ne pense ». Nous sommes en effet les seuls à pouvoir vivre notre
propre changement et à mettre les clés dans les serrures des portes que nous
voulons ouvrir. Par contre, l’aide, le soutien et le regard, à la fois
bienveillant et critique, de personnes extérieures à notre situation peuvent
nous permettre de trouver des clés, des serrures et des portes auxquels nous
n’aurions pas pensé et de nous donner l’élan nécessaire pour le faire. La confiance aux
autres peut en effet nous permettre d’avoir accès à notre courage qui, pourtant
bien présent – le cœur de chacun n’aspire en effet qu’à s’exprimer –, ne se
donne pas la permission de dire tout haut ce qu’il pense tout bas et, à plus
forte raison, de passer à l’action. Les avis et les questions d’autres personnes
« de bonne foi » nous donnent ainsi l’autorisation, la légitimité
d’être notre propre autorité et de nous définir en fonction de nos aspirations
profondes – et non en nous conformant aux attentes des autres. En effet, même dans
les situations qui semblent les plus inextricables, vécues comme étant
l’expression d’une profonde injustice, générant une colère à la hauteur de
celle de Job, invectivant Dieu de la profondeur de son incompréhension, de sa
désorientation et de son indignation, il n’y a qu’une seule chose à
faire : dire « oui » à la vie, se laisser porter par le courant
en espérant – non, mieux : en sachant
que tôt ou tard le fleuve de la vie nous ramènera sur la berge. Une rive qui nous
accueillera renouvelé, transformé et, surtout, réconcilié. Avec la vie, certes,
mais principalement avec nous-mêmes. Car le « meilleur » dont parle
la citation plus haut ne définit pas forcément la qualité du sable qui reçoit
notre âme et notre corps, fatigués après tant de tumultes, mais également notre
propre paix intérieure, notre unification avec ce qui nous a fait perdre pied
en nous, nos ombres, nos démons, nos freins intérieurs. Tout voyage
extérieur, toute navigation fluviale est avant tout un itinéraire qui nous
conduit au plus profond de nous-mêmes, à nos blessures, à notre Enfer
intérieur. Et, également, à notre Paradis, à nos forces, à cette extraordinaire
élan d’amour que nous avons tous. Pour nous, pour les autres et pour la vie. Programmé, de par mon
histoire de vie, à contrôler et à exercer ma Toute-Puissance, il a fallu une rupture
pour accepter la non-maîtrise, pour passer de l’humiliation à l’humilité, de la
crispation à la détente, de la pression à la « dé-pression ». Et je
ne peux être que du même avis que Moussa Nabati quand il dit, dans son livre Comment soigner son enfant intérieur ?,
qu’ « on ne soigne pas une dépression, c’est la dépression qui nous
soigne ». Avoir confiance en
soi, en d’autres personnes et en la vie, c’est donc, au fond, accepter que nous
avons à la fois peu de pouvoir sur ce qui nous arrive et, en même temps, que l’effet
de nos actions peut se révéler infini. Car, cette foi nous permet tout d’abord
de créer des liens précieux – à sa propre intériorité, aux autres et à la vie.
Puis, ces liens mettent à leur tour en mouvement – nous mêmes, les autres et la
vie. En effet, si l’on se réfère à la physique quantique, à l’approche
systémique ou à la philosophie bouddhiste, nous sommes tous reliés et
interdépendants. Une intention peut déboucher sur des transformations à
plusieurs niveaux et touchant d’autres que nous. Et parce que nous ne maîtrisons pas grand-chose et parce que, fort heureusement, la vie
obéit à une logique mystérieuse, il est plus que jamais important d’avoir
confiance en elle : car elle seule sait ce qu’elle fait – alors que, la
plupart du temps, nous nous illusionnons de pouvoir en contrôler le cours. Si vous vous sentez
concernés par cet article, car en proie à des doutes et à des peurs légitimes
devant la nécessité de faire des choix et de prendre des décisions, je vous
invite tout d’abord à prendre soin de vos démons, à accueillir ces ombres qui
font partie de vous pour ne pas leur donner toute la place qu’elles
revendiquent puis à mettre votre confiance dans votre cœur, dans les autres,
surtout s’ils sont bienveillants, et dans la vie. Quoique vous fassiez, cette
dernière sera votre plus fidèle compagnon…si vous avez foi en elle et si vous
l’écoutez. Un « tuyau » d’initié : le parloir est au plus
profond de vous. |
Le temps pour Chemin, le temps du chemin
Posted on 5 April, 2014 at 5:01 |
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Comme
souvent dans une phase de transition ou après une rétro-boucle (« reculer
pour mieux sauter »), la vie me mène dans un lieu magique où j’aime me
ressourcer, me recentrer, m’accorder du temps ou m’accorder tout court :
l’Hôtel-Pension Beau-Site, à Chemin-sur-Martigny. Il y a d’abord la maison,
construite en 1912, dans et autour de laquelle le temps semble s’être arrêté,
loin de la course et du rythme souvent effréné du monde « d’en-bas », cette réalité qui semble à des années lumières une fois que l’on a bravé les lacets
étroits qui mène de Martigny-Croix à Chemin-Dessus. Comme
le dit le petit dépliant de présentation que l’on trouve sur le secrétaire de
la chambre : « l’atmosphère particulière du Beau-Site ne peut pas se
décrire, elle doit être vécue » (Plus sur www.chemin.ch, avec un clin d'oeil de gratitude au passage pour toute l'équipe qui travaille, à l'ombre et au soleil, pour servir la vie et l'esprit du lieu).
Pour ma part, j’apprécie tout particulièrement la présence de
ces gardiens de la montagne, témoins du temps et de la vie, et j’en choisi à
chaque visite un autre – c’est d’ailleurs plus souvent lui qui me choisit –
pour l’étreindre, dialoguer avec lui et m’inspirer de sa sagesse. L’énergie
de Chemin et ses environs est donc plus que propice pour méditer sur le sens de
son propre cheminement, de ce que la vie nous permet de vivre, que cela soit
joyeux ou douloureux, et de faire le point pour avancer le plus sereinement
possible…jusqu’à la prochaine bifurcation. Le
temps pour Chemin est plutôt prévisible : environ une heure et demie
depuis mon domicile. La route est toute tracée, ma voiture la connaît presque par cœur.
Mis à part les éventuels bouchons en fin d’après-midi et les quelques rares
véhicules indigènes qui ont la "mauvaise" idée d’emprunter l’itinéraire – digne
d’un rallye corse – dans le sens inverse du mien, m’obligeant parfois à
transformer mon modeste moyen de transport en un 4x4 rugissant, le trajet est
sans surprise, du moins en théorie. Le
temps du chemin de vie est, on s’en doute, bien différent. Il n’est ni
prévisible, le parcours n’étant ni tout tracé ni sans surprise, même en
théorie. Et pourtant, que la tentation est grande de désirer que ce parcours soit
une route balisée, cartographiée, répertoriée, « gps-isée », donc maîtrisable
et maîtrisée. J’en veux pour preuve non seulement mon expérience personnelle, mais
également celle des personnes que j’accompagne et qui, si elles n’y sont pas
rendues attentives, veulent prendre des décisions sans se laisser le temps de
se poser les bonnes questions. Dobelli conclut son texte par une citation de Blaise Pascal : « Tout le malheur des hommes provient du
fait qu’ils ne sont pas en mesure de rester tranquillement dans leur
chambre ». Et
c’est exactement ce que je fais lorsque je me rends à Chemin : hormis la
ou les ballades dans la « forêt éternelle », je reste, tel un moine
dans sa cellule, cantonné dans « ma » chambre. À lire, méditer,
écrire, écouter de la musique, dormir, rêvasser. Bref, à ne rien entreprendre
pour faire évoluer la situation. Si ce n’est – et c’est essentiel – prendre
soin de moi.
La
question qui se pose – et elle finit toujours par être formulée – est :
mais quand est-ce que je sais que je peux ou dois agir, entreprendre quelque
chose, prendre une décision ? Pour abréger l’inconfort voir la douleur liée
à cette incertitude, il serait aisé de donner une réponse assortie d’un délai.
Rolf Dobelli – manager et financier, précisons-le – cite des recherches qui sont
formelles : au plus tard après trois mois, le ciel de notre esprit est
suffisamment serein pour qu’il soit bon d'agir et de faire des choix. Cette
réponse n’est pas satisfaisante, surtout lorsqu’il s’agit de décisions
qui engagent l’avenir de la personne qui les prend. Cette échéance rassure
certainement notre société qui vise à réintégrer ou à réinsérer au plus vite
une personne « en crise » afin de ne pas rompre la chaîne de
productivité et pour éviter de générer des coûts souvent exorbitants. Mais mon
expérience m’amène à dire que le fait de prendre la tangente pour, le plus
rapidement possible, se relever et se remettre en selle peut s’avérer une
mauvaise stratégie : la personne aura apparemment résolu la situation problématique en
adaptant éventuellement quelque peu la réalité, mais n’aura pas traité le
problème à la racine. Et comme nous faisons toujours partie du problème, la solution passe donc obligatoirement par un travail sur soi et donc par un processus
qui prend du temps. Et, pour reprendre les propos de Lytta Basset, les
injonctions du type « il faut »
sont souvent contre-productives, surtout lorsqu’il s’agit d’aller au fond des
choses, au fond de soi, au fond de sa blessure (Au-delà du pardon. Le désir de tourner la page. Paris, Presses de
la Renaissance, 2006, p. 121) « Mais
alors, me direz-vous, combien de temps doit-on attendre pour passer à l’action
et prendre une décision ? Trois mois ? Plus ? Une vie ?
Quelle horreur ! ». Et vous auriez raison de vous insurger. Et
pourtant : la réponse est impossible, car elle n’est ni universelle ni
définitive. Comme dirait Fernand Raynaud dans le sketch où il demande combien
de temps il faut à un canon pour refroidir après avoir tirer un boulet :
« Ça dépend ». Et ça dépend de tellement de facteurs qu’il est
impossible de donner une réponse claire et, donc, satisfaisante pour calmer
notre angoisse. Se dessine ici le cœur d’un art qui demande patience et discipline :
celui de savoir attendre que les fruits soient mûrs et de pouvoir rester à
l’écoute de notre cœur et de notre intuition. Pour, entretemps, se donner cette
douceur envers nous-même qui souvent nous fait défaut et se concentrer sur la
seule chose qui soit en notre possession, « une chose qui n’est pas
rien : l’instant (…) À côté de la certitude de la mort, il y a en nous
cette certitude d’être les maîtres de l’instant » (François Cheng, Cinq méditations sur la mort autrement dit
sur la vie. Paris : Albin Michel, 2013, p. 50). Si
vous vous trouvez actuellement à un carrefour de votre vie, je vous propose
donc de vous arrêter, de prendre le temps qui vous sera nécessaire pour faire
la paix avec vous-même et avec le monde, pour évaluer le chemin parcouru – et
dont vous pouvez être fiers, car personne à part vous n’a vécu votre vie – et
scruter l’horizon tel que vous aimeriez le peindre, le sculpter, le créer. Sans céder
au chant des sirènes de "l’action à tout prix" ni à la pression d’un entourage
aussi et parfois même plus anxieux que vous. Et, pourquoi pas, vous faire
accompagner pour y voir plus clair en vous-même et par rapport à vos choix
futurs, en répondant à l’injonction tout sauf paradoxale : « Sois autonome,
demande de l’aide ! » (G. Le Cardinal). Bon chemin ou Chemin…ou les
deux, à vous de choisir. |
Le chemin du changement
Posted on 9 March, 2014 at 12:10 |
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Un chemin, des rencontres
Posted on 8 January, 2014 at 8:53 |
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« Il y a les personnes qu’on rencontre et celles qu’on croise. Chaque rencontre nous modifie, mais on ne rencontre pas par hasard » Que la vie soit une
expérience complexe tient du pléonasme. Une des meilleures façons d’embrasser
cette complexité pour la rendre plus compréhensible, sans toutefois la
dépouiller des multiples facettes qui en font l’originalité, s’avère être la
métaphore : une image qui réussit à la fois à rendre la réalité
intelligible tout en maintenant le mystère. Les contes offrent souvent cette
double lecture, car leur langage est universel – il s’adresse à tous et permet
à chacun de se reconnaître dans l’histoire relatée. L’ultime rencontre
lui ouvre les portes de l’endroit où il retrouvera son âme, entre larmes de
colère, de tristesse et de joie profonde : en lui-même. Ce qu’il cherchait
à l’extérieur de son être – le Paradis et l’Enfer – se cachait depuis toujours
en lui, au fond de son cœur, au cœur de son âme. La plus belle rencontre que le
Samouraï aura donc faite grâce à son périple et grâce aux personnes qui
l’auront accompagnées, chacune sur un bout de chemin, aura donc été la
rencontre avec lui-même. (Henri Gougaud, L’arbre
d’amour et de sagesse. Légendes du monde entier. Paris : Editions du
Seuil, Collection Points, 1992, p. 156-158 ou http://www.cles.com/chronique/l-enfer-le-paradis). Il m’aura fallu des
mois voir des années pour comprendre toute la richesse de cette histoire et je
me demande même si j’y suis complètement parvenu aujourd’hui. Ce que j’ai envie
d’en retirer dans ces lignes relève des rencontres. Non pas ces moments où l’on
croise une personne pour échanger avec elle des propos superficiels et futiles,
en lien avec les personnages et les rôles que nous jouons dans le théâtre de la
vie. Mais ces parenthèses hors de tout espace-temps où chacun parle du centre
de son être, se livre ne serait-ce qu’un peu, partage sa vulnérabilité, son
expérience de vie, ses blessures, ses doutes et ses interrogations. Des
communions qui permettent à chaque personne impliquée de se sentir moins seule,
de découvrir une sœur ou un frère qu’elle ne connaissait pas encore. Des oasis
initiatiques qui participent au développement de chacun, l’aident à grandir et
à avancer sur son chemin de vie. « Les hommes se distinguent par ce qu’ils montrent
et se ressemblent par ce qu’ils cachent » disait Paul Valéry,
visionnaire et fin connaisseur de l’âme humaine. Les vrais rencontres ne sont
en effet possibles que lorsque les personnes concernées sont d’accord de
laisser tomber le masque, de ne pas tricher, ni avec elles-mêmes ni avec
l’autre. De ne plus jouer un rôle mais d’être, simplement. C’est ainsi que, de
ses instants volés à l’éternité, peuvent naître des amitiés profondes car
sincères. Et dont la durée dépend du rythme auquel chacun chemine vers soi. Cela dit, ces
rencontres qui nous accompagnent sur notre chemin de vie ne sont pas
qu’humaines. L’ « autre » peut en effet prendre plusieurs
formes : un livre, un arbre, un paysage, un animal, l’écriture, un film…..Toute
opportunité susceptible de réveiller en nous notre âme et nos émotions, de nous
permettre d’être toujours plus conscients de cette vie qui bat en nous-mêmes
et, donc, de grandir, de déployer nos ailes et d’avancer sur notre chemin de
vie, est une rencontre avec nous-mêmes. Et, si on y fait attention, les
occasions sont nombreuses. Mais peut-être ne sommes-nous pas toujours prêts à
nous rencontrer et, par là, à permettre à d’autres de nous découvrir et, à
travers la relation, à se dévoiler. Ou peut-être avons-nous quelque chose à
protéger. « Toute rencontre est un déroutement qui peut
mener à la déroute » (Lytta Basset, Aimer
sans dévorer. Paris : Albin Michel, 2010, p. 227) : chaque
rencontre est en effet une prise de risque qui peut certes nous faire
progresser mais également nous fragiliser. À partir du moment où l’on est
d’accord de partager ses blessures, de se mettre à nu, il est nécessaire
d’assumer cette vulnérabilité. Une fragilité qui, selon les circonstances et
les personnes, s’avère parfois difficile et douloureuse à gérer. Dans le conte du
samouraï, un ermite humilie le guerrier à un tel point qu’il s’en faut de peu
pour que le sabre ne tranche la tête du moine. Et c’est pourtant à ce moment-là
que notre valeureux héros japonais découvre que l’Enfer est en lui. C’est aussi
ce qui déclenche en lui des larmes de joie : il a trouvé la porte qui le
mène au Paradis. Et il a entrevu, grâce à la tendresse de son vis-à-vis, ce qui
l’aiderait dans sa quête : l’amour – autant pour l’autre
personne que pour lui-même. Car, « la
vie est folle n'est-ce pas ? C'est pour ça qu'elle est passionnante. Imaginez
que nous soyons équilibrés dans une existence paisible, il n'y aurait ni
événement, ni crise, ni travaux à surmonter, de la routine uniquement, rien à
mettre en mémoire : nous ne serions même pas capables de découvrir qui nous
sommes. Pas d'événements, donc pas d'histoire, pas d'identité. Nous ne
pourrions pas dire : "Voilà ce qui m'est arrivé, je sais qui je suis
puisque je sais ce dont je suis capable face à l'adversité". Les êtres
humains sont passionnants parce que leur existence est folle. » (Boris
Cyrulnik, Sauve-toi, la vie t’appelle,
Paris : Odile Jacob, 2012, p. 43-44) Et, puisque j’ai
commencé mon texte par un conte, j’aimerais le conclure par une petite histoire d'origine chinoise qui illustre justement la nécessité d’accepter et de partager non seulement nos
forces et nos exploits, mais également nos failles, nos faiblesses, nos erreurs
afin de permettre la rencontre avec nous-mêmes et avec les autres : c’est
peut-être le seul vrai moyen de créer sa vie et de lui donner du sens. La vieille femme sourit : « As-tu
remarqué qu’il y a des fleurs sur ton côté du chemin, alors qu’il n’y en a pas
de l’autre côté ? Comme j’ai toujours su ta fêlure, j’ai semé des graines
de ton côté du chemin. Chaque jour, sur le chemin du retour, tu les as
arrosées. Pendant deux ans, grâce à toi, j’ai cueilli de superbes fleurs pour
décorer ma table » (in Frédéric Lenoir, L’Âme du monde, Paris : NIL Editions, 2012, p. 165-166) Une nouvelle année
commence, accompagnée de sa traditionnelle liste de bonnes résolutions. Pour ma
part, j’ai décidé d’avoir moins peur de la vie et des autres. En allant encore
un peu plus à ma rencontre et à la leur. Et de me donner et de partager avec
les autres ce dont notre âme a besoin : de la compassion. |
Être en chemin
Posted on 11 May, 2013 at 12:52 |
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Chaque pas doit
être un but, en même temps qu’il nous porte en avant (Goethe) « Être en
chemin » : la devise de Mackoaching
est en relation directe avec le fait que j’accompagne principalement des
personnes en transition vers un horizon professionnel et souvent personnel
inconnu à leurs yeux au début. Afin de permettre à ces pèlerins de la vie
d’éclairer un parcours parfois sinueux et manquant par moments singulièrement
de clarté, je les accompagne en parallèle sur un chemin certainement moins
spectaculaire mais ô combien riche en (re)découvertes : celui qui les mène
vers elles-mêmes, vers leurs valeurs, leurs besoins, leurs rêves, leur points
forts, leurs limites aussi. L’ « être en chemin »
désigne donc à la fois la personne en transition et ce double processus de
cheminement : vers un but et vers soi. Si l’accompagnement d’« êtres
en chemin » est aujourd’hui au centre de mes activités professionnelles
(et l’a au fond toujours été sans que j’en aies été vraiment conscient), c’est
indéniablement grâce à mes transitions personnelles et mes cheminements, tant
intérieurs qu’extérieurs : le fait d’accompagner d’autres personnes m’aide
à rester vigilant (ou « vie-gilant ») et attentif à mes propres
valeurs et besoins – un double accompagnement en quelque sorte. Au fil des années et des
expériences, j’ai aménagé des « espaces d’intimité » qui me
permettent de « cheminer vers moi » de manière plus consciente encore
et, dans certains cas, le cheminement intérieur se fait de pair avec la marche
physique. C’est notamment le cas quand je vis une retraite, une semaine par an,
dans un monastère ou un couvent, placé si possible dans un lieu qui soit
propice aux ballades et au contact avec la nature. Malgré
la présence de symptômes neurologiques souvent handicapants (vertiges, spasmes,
manque de proprioception dans les jambes, mini-crises de panique,…), j’étais
fermement décidé à marcher, ne serait-ce que une demie-heure chaque jour. Sans
savoir que, tout au long de ces petits pèlerinages, j’allais découvrir quelques
« bornes », quelques points de repères utiles au cheminement, plus
symbolique, de la vie. Voici
quelques extraits d’un autre « espace d’intimité », mon journal de
vie, dont je partage volontiers ce passage aujourd’hui. Je tiens à préciser, en
préambule, que le fait de marcher en haute montagne, surtout quand on n’a pas
l’habitude de ce genre d’effort, ne fait qu’exacerber les sensations et, donc,
les sentiments : le souffle est – encore plus – court, les passages
parfois dangereux, la signalisation difficile à décrypter, le but invisible et
on marche souvent très longtemps seul…Ça ne vous rappelle par certains moments
de votre vie ? Grand St-Bernard, Col des Fenêtres, 28 juillet 2009
Je
te souhaite à toi aussi, cher lecteur, de trouver ton chemin….au propre comme
au figuré. Et, pourquoi pas, de te faire accompagner : si tu as la
possibilité d’engager un « accompagnant de haute montagne »,
qu’est-ce qui t’empêches de faire appel aux services d’un « coach en haute
vie » ? |