Mackoaching
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Le voyage intérieur ou rester en lien avec son « dedans » pour mieux vivre son « dehors ».
Posted on 14 February, 2015 at 12:25 |
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Vivre sa spiritualité : entre l’humain et le divin.
Posted on 27 December, 2014 at 16:21 |
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« Nous ne sommes pas des êtres humains vivant des expériences spirituelles, mais des êtres spirituels vivant une expérience humaine » Les
fêtes de Noël, avec leur lot de repas, de cadeaux et de réjouissances, nous
font presque oublier la dimension éminemment spirituelle de l’événement.
Attablé en face du Lac de Morat en ce samedi 27 décembre 2014, je ressens le
besoin de me pencher sur ce que veut dire le mot « spiritualité »,
que cela soit en lien avec la fête de la naissance de Jésus ou pas. Ma
première question concerne le concept de « spiritualité »
lui-même : est-il possible de restreindre les réalités plurielles et
complexes que couvre le terme par une seule définition ? Je partage la
conviction de Marc de Smedt dont il fait état dans une de ses chroniques :
« il y a autant de spiritualités qu’il y a d’êtres humains ». Je me
contenterai donc de parler de mes représentations pour me permettre d’y voir
plus clair dans ce qui m’habite au quotidien : si cela peut aider d’autres
personnes à mieux cerner les contours de leur spiritualité, tant mieux – mais
je m’en voudrais de faire preuve de prosélytisme en voulant rallier d’autres
personnes à une doctrine. Cette interdépendance – que l’on retrouve également dans
la philosophie bouddhiste, dans les réflexions systémiques ou en physique
quantique – donne un sens à mon être là : il est de ma responsabilité de
rester relié à moi-même, car, ce faisant, je soigne le lien avec les autres et
le monde. Dans
leur ouvrage Pour une écologie intérieure, Marie Romanens et
Patrick Guérin parlent à leur tour de « reliance », c’est-à-dire de la
capacité de dialoguer avec soi, avec ses ombres et ses lumières, pour pouvoir
entrer de manière pertinente et constructive en dialogue avec les autres. Dans
ce sens, la spiritualité passe par une quête d’intériorité et, pour moi,
par des moments de solitude qui me permettent de me recentrer, me
« re-sourcer ». Je rejoins ainsi Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste
vietnamien, quand il dit que « le véritable processus de paix, c'est de retourner en vous-mêmes, de
vous réconcilier avec vous-mêmes et de savoir comment faire face à vos propres
difficultés : le désespoir, la suspicion, le peur, la colère. Vous pouvez
ensuite passer à la deuxième étape et aider l'autre. » (La paix en
soi, la paix en marche) Maître Eckhart,
mystique rhénan du 13 et 14 siècle, met d’ailleurs
en garde celle ou celui qui entend la spiritualité comme un remède qui
anesthésierait les ombres propres à notre humanité : « Si l'homme trouve en Dieu satisfaction, c'est que Dieu n'est pas Dieu ».
Car
c’est aussi cela, vivre sa spiritualité : être conscient de ses propres
contradictions et les accueillir avec amour, car de les juger et de vouloir les
éradiquer reviendrait à les renforcer. « Le lotus a besoin de boue pour
pousser », nous rappelle Thich Nhat Hanh. Stéphane
Allix, journaliste et auteur du livre La mort n’est pas une terre
étrangère, nous invite d’ailleurs à nous préparer consciemment à mourir
en étant le plus vrais possibles et à ne pas tricher avec nous-mêmes en faisant
face à nos émotions négatives et conflictuelles : il vaut mieux les
transformer de notre vivant plutôt que se retrouver nez-à-nez avec elles dans
nos derniers instants de vie…ou même après ? Dans son livre, « Vivre sa
spiritualité au quotidien », Pierre Pradervand nous rappelle, entre
autres, que le mot « spirituel » est dérivé d’un mot latin,
« spiritus », signifiant le souffle. Le fait d’être attentif à ma
respiration dans tous mes actes me permet donc d’entretenir le Souffle, de maintenir le lien avec la Vie et avec moi-même. Et de rester à l’écoute du « dénominateur commun de toute
religion » (Marc de Smedt), le silence qui, comme nous le présente
Jacqueline Kelen dans son ouvrage La puissance du cœur, « nettoie et
purifie en opérant une distinction entre ce qui est essentiel et ce qui n'est
qu'accessoire » et « permet de se délester de l'illusoire, du factice ». Il est vrai que les
sentiments de décalage et d’ennui m’habitent depuis des années lorsque je me
trouve en société ou en famille. Ma crise spirituelle et mon éveil consécutifs à mon burn-out m’ont permis de
mettre des mots sur une impression jusqu'alors diffuse et confuse. Et aussi de ne pas tomber
dans le jugement en me croyant supérieur, car investi d’un « super pouvoir » :
pour moi, vivre sa spiritualité ce n’est pas seulement accueillir sa part
humaine avec bienveillance mais également l’humanité des et chez les autres.
Humilité, bénédiction, compassion et amour inconditionnel sont donc au rendez-vous……ou
devraient l’être : j’avoue ne pas être un saint et que très – trop – souvent je me surprends à juger, à évaluer et
à me mettre parfois dans des états qui me surprennent et me désolent à la fois.
Oui, je pourrai me
dire tout cela…mais cela ne serait pas moi. Car, vivre sa spiritualité, c’est,
pour moi, se « co-naître », c’est re-naître chaque instant, chaque
jour à soi-même. Avec ses joies et ses peines, avec ses forces et sa
vulnérabilité. Pour accéder à une plus grande maturité, à plus de sagesse. C’est
fêter Noël chaque jour : célébrer la naissance – avec ses contractions suivies de la lumière – d’un homme à la fois être
divin et être humain, . La naissance
d’un être spirituel amené à vivre une expérience humaine. Une ascèse, une
quête, un pèlerinage, un voyage qui importe plus que la destination elle-même. Je vous souhaite à toutes et à tous une très belle année 2015, riche en moments d’humanité
et de spiritualité, en fonction de ce que chacune et chacun ressent au plus profond de soi-même, dans son silence intérieur.
NB : Les photographies publiées sur cette page ont toutes été prises par mon fils, Félix, dont je salue la sensibilité : il a trouvé une manière d'exprimer sa spiritualité qui lui correspond. Chapeau fiston ! |
Être audacieux : la peur au ventre ?
Posted on 15 November, 2014 at 17:18 |
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Hasard
ou stratégie éditoriale ? Deux revues françaises, Psychologies Magazine et Clés,
ont décidé au même moment, soit en octobre 2014, de consacrer un dossier pour
la première et un article pour la deuxième à une thématique commune : l’audace.
Le monde et tout particulièrement la France en auraient-ils si urgemment besoin pour
que ces titres-phare du développement personnel de l’Hexagone se sentent
investis de la mission d’en rappeler l’existence ? Mais
attention : penser que l’audace équivaut à un acte de provocation gratuit
et narcissique, histoire d’attirer l’attention et de nourrir son ego serait
faire fausse route. La finalité de l’être audacieux est principalement de
rechercher un progrès pour soi et/ou pour les autres, une évolution qui
s’inscrit dans une recherche de sens. Faire preuve d’audace passe par exprimer
ses convictions tout en respectant celles des autres pour devenir ce que l’on
veut être – et non ce que les autres aimeraient que l'on soit ou que l'on devienne. Philosophe, chercheur au CNRS
et membre du conseil éditorial de Clés,
Roger-Pol Droit appuie les propos ci-dessus en citant le « sapere
aude » (« ose savoir ») que Kant a emprunté à Horace. Cette
devise fait allusion à l’absolue nécessité de penser par soi-même afin de se
libérer des conditionnements que la société véhicule au quotidien, que cela
soit par les médias, par la publicité ou par d’autres canaux encore plus
subtils comme l’éducation, l’école et la formation. Car c’est
là où réside la puissance de l’audace : « faire que les rêves
s’inscrivent dans le réel » et que l’individu – ou le groupe – qui
« se jette à l’eau » se donne toutes les chances de s’affirmer
au-delà de ce qu’il pense être capable de réaliser. Or, en ces temps où prévalent
des valeurs de sécurité, de protection(nisme), de (auto)défense et de contrôle
en réponse au climat de peur généralisée, rien n’est moins facile que de faire
preuve d’audace. Selon Roger-Pol Droit, le rêve aujourd’hui, c’est d’être à
l’abri et le fait de prendre des risques fait peur : n’en court-on déjà
pas suffisamment dans la vie de tous les jours, ailleurs plus qu’ici ? Et pourtant. Les personnes
dont j’ai la chance d’accompagner les chemins de vie me démontrent le
contraire : leur volonté de changer, de se remettre en question et de
gagner en liberté individuelle est bien présente. Même si, lorsqu’il s’agit
d’aborder leurs valeurs et leurs contre-valeurs, l’audace fait rarement partie
de la liste, cette énergie leur est nécessaire, vitale et essentielle. Car, dans
l’urgence de vivre, ces personnes ne sont souvent sûres que d’une seule chose :
elle ne veulent pas revivre ce qu’elles ont vécu ou ce qu’elles sont en train
de vivre. Après une phase
d’accommodation lors de laquelle elles ont correspondu aux attentes des autres
et négligé certaines facettes de leur être, elles réalisent qu’elles se sont
laissées enfermer, au mieux dans une cage dorée, au pire dans une prison plombée. Et veulent
à tout prix s’en libérer en affirmant progressivement et avec force leurs
besoins, leurs rêves oubliés ou leurs désirs inassouvis. Ce qui, on s’en doute,
ne va pas sans conflits avec leur entourage, personnel et professionnel. Car,
que cela soit pour la personne directement concernée ou pour celles qui sont
touchées de près par son audace, elles partagent la même émotion : la peur. Pour celui ou celle qui
cherche à s’affirmer et à être soi, la peur de revivre des situations plus ou
moins traumatisantes représente un extraordinaire moteur et donne une force
parfois surhumaine dans des situations pourtant de grande vulnérabilité. Pour
ceux qui assistent à l’envol, la peur est doublement présente : d’un côté
parce que l’audacieux met à mal leur besoin de sécurité et, de l’autre, parce
que de voir l’autre prendre des risques les renvoie à leur propre difficulté
d’oser leur vie et, donc, à leurs propres prisons, intérieures ou extérieures. Ce qui permet de basculer d'une logique à l'autre réside dans la prise de conscience, souvent déclenchée par un facteur
interne (maladie, accident) ou externe (licenciement, mobbing, séparation), qui fait tomber
le voile et donne à celui qui ouvre les yeux la possibilité de voir au-delà des
murs, par delà les limites que nous nous sommes mises ou que nous nous sommes
laissées mettre. Et cette perspective est génératrice d’envie, d’en-vie et de vie.
Donc d’audace, même embryonnaire. J’aimerai conclure (de
manière audacieuse ?) par le partage de deux moments d’émotions. La première situation
concerne une de mes clientes à qui les larmes sont montées aux yeux dans le cadre d’une séance d’accompagnement autour de la gestion du temps, lorsqu'elle
prend conscience qu’elle ne se donne pas (ou pas assez) de permissions. À ma
question qui l’interroge sur comment elle se sent à ce moment-là, elle répond,
la voix quelque peu tremblante : « Ça fait envie ! ». Un
petit pan de mur intérieur venait de tomber, faisant émerger le désir de
découvrir la nouveauté…ainsi que la peur de l’inconnu. Le deuxième épisode concerne
l’émission Vacarme du 5 septembre
dernier (http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/vacarme/6083580-vacarme-du-05-09-2014.html)
lors de laquelle j’ai témoigné de mon expérience du burn-out. À son écoute, j’ai
pleuré de joie, certes, mais surtout parce que je me suis souvenu – et mon
corps avec moi – des crises de panique et d’angoisse quotidiennes, de l’anxiété
et des peurs qui m’ont tenaillé le ventre (et le terme « tenaillé »
n’est vraiment pas usurpé) tout au long des années qui ont suivi la « rupture ».
Et qui sont à l’origine de l’audace dont j’ai fait preuve depuis 2008. Beaucoup
de personnes me disent que je peux en être fier. Je le suis, mais ce n’est pas
ce sentiment-là qui prévaut, mais bien la peur, omniprésente : celle de me
laisser à nouveau enfermer dans d’autres prisons. L’audace est donc plus que
jamais de mise. Je vous souhaite à toutes et
à tous d’être audacieux et d’avoir la force, pour cela, d’accueillir vos peurs
les plus enfouies : elles seront vos plus précieuses alliées. |
Être seul ensemble
Posted on 10 August, 2014 at 8:31 |
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Comme
j’ai pu l’expliquer dans certains de mes textes précédents, j’ai pris
l’habitude, depuis 2009, de me retirer du monde lors de mini-retraites mensuelles
et à l’occasion d’une parenthèse annuelle de 4 à 6 jours. Cette année, la vie m’a
invité à me rendre à l’ermitage de Pierre Pradervand à la Bréona, au dessus de
la Forclaz en Valais (Pour plus d’informations : http://www.vivreautrement.ch/ateliers/prochains-ateliers/evenement/6-ermitage-ermitage-d-ete-de-breona-val-d-herens). Pierre
y accueille depuis plusieurs années des personnes venant des quatre coins du
monde afin de leur permettre de re-découvrir la plus grande richesse qu’elles
puissent posséder : les (res)sources qu’elles ont en elles-mêmes. Des moments
communs de méditation, de partage autour de lectures, de films, de repas –
préparés principalement par l’hôte et/ou par des participants désireux de le
faire, en l’occurrence Manuela lors de mon séjour – alternent avec de
nombreuses plages pendant lesquelles chacune et chacun savoure la vie de la
manière qui lui convient le mieux : lecture, discussions, écriture,
ballades, sieste, jeux,… Arrivé
à destination, sac à dos comme souvent trop chargé sur les épaules et après
deux heures de marche depuis les Haudères, j’ai eu l’impression de me retrouver
aux origines de la terre : mis à part les quelques mayens et la présence
lointaine d’une petite route ainsi que d’un pont situés au fin fond de la
vallée, la nature est vierge de toute trace de civilisation. La myriade de
fleurs et de plantes forme, tel un tableau pointilliste, un ensemble à la fois
disparate et cohérent ; le chant intermittent des oiseaux ainsi que le
grondement continu du torrent adjacent au chalet interprètent une partition qui
semble avoir été composée non pas pour
mais par eux. C’est
donc dans cet environnement propice au ressourcement physique, psychique et spirituel
que je me suis retrouvé…non sans quelques craintes, je l’avoue. En effet,
l’objectif principal de mes retraites est de m’exercer à l’art du
« solitaire solidaire », dans une solitude choisie destinée à
accorder mon « violon intérieur » pour que celui-ci puisse à nouveau jouer
de manière claire et distincte dans l’orchestre des interactions
« mondaines ». Une discipline qui vise également à me protéger de
moi-même, notamment de ma tendance à être (hyper)disponible, à l’écoute,
serviable, accueillant….et d’oublier mes besoins et mes désirs au bord du
chemin. Or,
même si la « formule » proposée par Pierre Pradervand porte le nom d’
« ermitage » et que le silence est, en principe, de rigueur, j’ai
très rapidement fait le constat que ce besoin de solitude ne pourrait être
couvert, du moins pas de la manière dont je l’imaginais. Rien qu’à l’idée de devoir
partager un espace restreint – vu d’en haut, le mayen ne semble guère plus
grand qu’un mouchoir de poche – avec un peu plus de dix personnes me semblait
un défi insurmontable. Pourtant,
j’y suis resté et avec beaucoup de bonheur. L’accueil chaleureux de toutes les
personnes présentes ainsi que l’extraordinaire disponibilité et générosité de
Pierre m’ont aidé à dépasser mes propres obstacles et à me libérer de ce qui
aurait pu devenir ma propre prison. Je me suis réellement senti accompagné. Notre
hôte m’a d’ailleurs très rapidement proposé de préciser mes attentes et mes
besoins vis-à-vis du groupe. J’ai été le plus honnête possible et j’ai pu
constater, tout au long du séjour, à quel point mes propos avaient été entendus
et accueillis avec bienveillance et non-jugement par tous. Comme
dans toute étape propre au changement intérieur, il est sans doute trop tôt
pour dire ce qui a « bougé » en moi et en quoi ces (presque) 4 jours
ont participé à ma transformation : tel le petit Poucet, mon corps, mon
esprit et mon âme sèmeront leurs cailloux de sens tout au long du chemin à
venir. Une
chose est sûre cependant depuis mon retour en plaine et au monde : mon
besoin, déjà bien présent avant mais dont j’ai encore plus pris conscience, de
prendre les personnes que j’aime dans mes bras et de les serrer contre moi (pas
trop fort, quand-même). Une manière simple, vraie, silencieuse, profonde,
énergisante et ressourçante d’être « seul ensemble », de partager
deux solitudes sans qu’elles fassent nécessairement « un » mais se
relient en elles-mêmes, à elles-mêmes et à l’Autre. Un merci
du fond du cœur à Pierre et à toutes les personnes présentes entre le 28 et le
31 juillet 2014 : elles se reconnaîtront. |
Le texte du corps, le corps du texte
Posted on 5 June, 2014 at 17:36 |
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La
lecture toute récente du livre de Laurence Tardieu, L’écriture et la vie, (Editions Des Busclats, 2013) ainsi que la
magie du lieu où je me trouve pour ma « mini-retraite » mensuelle –
la Maison des Anges : à découvrir de toute urgence ! – m’encouragent
à me pencher sur deux compagnons de route indispensables depuis 2008 : mon
corps et l’écriture. La
relation que j’entretiens à mon corps a toujours été ambiguë. D’une part, je lui
porte une certaine attention par un minimum d’exercice physique, des soins
réguliers et un choix vestimentaire susceptible de le mettre discrètement en
valeur. De l’autre, pourtant, je n’ai jamais été tendre avec lui et porte
parfois encore aujourd’hui un regard jugeant et critique sur mon enveloppe
charnelle. Mon
manque de bienveillance vis-à-vis de ce que St François d’Assise appelait son
« frère âne » – à qui le saint homme demande d’ailleurs pardon à la
fin de sa vie pour l’avoir tant maltraité – m’a sans aucun doute conduit à
l’épuisement : non content de concilier une vie professionnelle trépidante
et une vie privée « normale » (marié, deux enfants…et tout ce qui va
avec), je m’astreignais à 3-4 heures hebdomadaires de fitness…le matin entre 7h
et 8h. Pure folie, quand j’y repense aujourd’hui. Un choix qui, à l’époque, me
semblait pourtant logique et censé, ancien sportif de compétition que j’étais.
Ou plutôt que je m’illusionnais d’être encore. Ainsi
ignoré et violenté, mon corps a implosé : mon système nerveux a tout
simplement mis un terme à ma course effrénée. Et ne m’a ensuite plus lâché :
vertiges, jambes et bras insensibles, tachycardies, maux de ventre inexpliqués
(Les médecins consultés me disaient tous : « Vous allez très bien,
Monsieur Mack, vous êtes juste malade ») sans parler des crises de calcul
rénaux et biliaires ainsi que des mots de dos omniprésents. Même si
aujourd’hui, plus de six ans après mon burn-out, les symptômes neurologiques
et/ou psychosomatiques ont soit disparus ou sont moins insistants, mon corps
reste un précieux allié. Notre
corps nous parle en effet sans arrêt. Il nous renvoie une vérité, notre vérité.
Et, plus nous nous mentons et plus nous faisons la « sourde
oreille », plus il se fait entendre. Jusqu’au jour où, de guerre lasse, il
prend le dessus et nous sommes de nous arrêter. En utilisant un langage parfois
définitif. En
ce qui me concerne, le choc et le traumatisme suite à mon burn-out ont été si
importants que, dans les premiers temps du moins, je frisais
l’hypocondrie : à chaque début de douleur, j’angoissais et craignais la
rechute. Si cette peur s’est aujourd’hui apaisée, je consulte très souvent Le grand dictionnaire des malaises et des
maladies de Jacques Martel afin, d’une part, de faire des hypothèses
sur les origines des douleurs qui m’empêchent de vivre sereinement et, d’autre
part, introduire les modifications nécessaires dans ma vie – changements de
comportements ou d’attitudes, voire de situations – et réguler ce qui est en
mon pouvoir. Mon corps est donc un coach de vie au quotidien : il est un
miroir de mes états d’âme et, de par son langage indirect nécessitant un
décodage, il m’oblige à me questionner sans cesse sur mes choix, à rester à son
écoute avec bienveillance et patience. Sans pourtant tomber dans la
crispation : un rhume n’est parfois…qu’un simple rhume. L’écriture me libère et me pacifie, me réconcilie avec mes
blessures. Car elle me permet d’en prendre soin. Quand
je pose ma plume sur les pages vierges de mon carnet ou mes doigts sur le
clavier de mon ordinateur, je suis dans une autre dimension :
l’espace-temps habituel s’efface pour laisser place à un monde où tout me
semble possible, où je me sens libre, sans entraves. À la fois dans une grande
verticalité, relié à moi-même, et une horizontalité ouverte, reliée aux autres
et au monde qui m’entoure. Où je parle de moi, de mon vécu, des mes émotions,
de mes erreurs, de ma vulnérabilité, des mes apprentissages, des beautés et des
horreurs, des états de grâce et des petits enfers en moi et à l’extérieur de
moi. Sans pour autant, je l’espère du fond du cœur, tomber dans
l’auto-contemplation narcissique : chaque mot, chaque phrase aimerait être
à la fois porteuse de vérité – non pas LA vérité mais ma vérité du moment,
amenée à se déplacer – et porteuse de sens pour la ou les personnes qui me
lisent. Car, en parlant de moi, je mets des mots sur les maux des autres. Le
corps comme l’écriture nous font sentir vivants. Or vivre est une prise de
risques permanente. L’écoute de notre corps et le pari de l’écriture ne sont
donc pas sans dangers. Mus par leur amour de la vérité, ils nous invitent tous
deux à mettre le doigt « là ou ça fait mal » – au propre comme au figuré.
Et, de plus, le langage corporel et écrit, si on en a le courage, nous initient
à une quête sans fin : celle du sens de la vie et de notre vie. Une
recherche dont l’amour ne devrait pas être absent. Que seraient en effet le
texte du corps – ce langage d’autant plus complexe à déchiffrer qu’on a peur de
le comprendre – et le corps du texte sans bienveillance et non
jugement ? N’oublions pas que nous
sommes souvent nos propres ennemis et que tout outil dépend de l’intention que
nous mettons dans son utilisation. Et que, sans amour, tant le corps et
l’écriture peuvent se retourner contre nous. Toutes les photographies utilisées pour illustrer ce texte sont de Anne Deniau et tirées de la page internet http://lemotetlachose.blog.lemonde.fr/2013/08/21/a-la-rencontre-danne-deniau-image-mover/ |
Être ou ne pas être : et si ce n’était pas la bonne question ?
Posted on 10 February, 2014 at 3:12 |
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Du funambulisme et de la vulnérabilité
Posted on 30 November, 2013 at 17:28 |
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« Il y a deux sortes de gens. Il y a ceux qui vivent,
jouent et meurent. Et il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que se tenir
en équilibre sur l'arête de la vie. Il y a les acteurs. Et il y a les
funambules. » (Maxence Fermine. Neige) Dans
l’ouvrage de Marguerite Yourcenar consacré aux Mémoires d’Hadrien, l’empereur romain, sentant la proximité du
terme de sa vie, se demande qui, du Titan ou de l’Olympien, a dominé l’autre en
lui. Chacun pourra s’approprier cette question en fonction de son expérience.
En ce qui me concerne, cette interrogation et la tentative d’y répondre
m’accompagnent au quotidien. Mais
qu’est-ce qu’un Titan ? Il est cette part de moi qui
m’a poussé à rechercher la reconnaissance et le regard des autres en relevant
des défis dépassant parfois mes compétences du moment ; il est également
celui, héroïque, qui a affronté les changements, les incohérences, les
inquiétudes, les doutes avec panache, sans broncher, ignorant les affres dans
lesquels il était lui-même plongé pour être le plus disponible possible,
toujours souriant et positif ; il est aussi ce regard sévère et parfois
jugeant porté sur moi-même et sur les autres, chroniquement insatisfait et
impatient, en quête si ce n’est de perfection du moins d’excellence à
100%....au moins ; et il est de plus celui qui aime être au centre, se sentir
ou, pire, se rendre indispensable, briller, faire rire, manipuler, attirer
l’attention afin de nourrir son grain de
narcissisme. Il aime le plaisir, l’immédiateté, le bruit du mental, le
nomadisme, le changement, la vitesse, le fait de jongler avec plusieurs tâches
et casquettes. Et il déteste l’ennui. Et
l’Olympien ? C’est lui qui me réclame paix, silence et immobilisme. Il est
cette part de moi qui me permet de me sentir relié au monde, visible et
invisible, par la simple vision d’une fleur ou d’un sourire d’enfant, qui est
touché au plus profond de lui-même par la caresse du vent, d’une femme ou d’un
vin, qui pleure de joie en entendant un chant d’oiseau. Celui qui, dans les
moments de doutes, de souffrance et de désarroi, me permet de garder la tête en
dehors de l’eau, de maintenir le cap et d’entretenir la flammèche, presque
invisible parfois, de la confiance et du courage. C’est à la fois la part la
plus intime de moi et celle qui m’appartient le moins, le centre de mon être.
Il aime la solitude – non celle qui éloigne mais celle qui me relie, en une
« sourde fraternité » (Georges Haldas), avec les autres et avec la
vie – et m’entraîne à devenir de plus en plus un solitaire solidaire. La
cohabitation de ces deux forces, inquiète pour le premier et tranquille pour le
deuxième, ne se fait pas sans heurts. Elle est même souvent la cause de
vertiges, symboliques ou réels, ainsi que d’errances dans les méandres de mon
monde intérieur. Et elle est à la source même de ma recherche d’un équilibre
tant intérieur qu’extérieur. De mon funambulisme sur le fil de la vie. Si,
jusqu’à mon burn-out, je peux dire que le Titan a largement profité de l’énergie
de l’Olympien pour satisfaire ses envies, vivre ses folies et atteindre les
buts qu’il s’était fixé, il en est autrement aujourd’hui. J’essaie
en effet, souvent très maladroitement, de mettre l’énergie du Titan au service
de celle de l’Olympien. En privilégiant la lenteur à la vitesse, la
concentration à la dispersion, la réflexion à l’action, le silence à la parole,
l’intériorité à l’extériorité, le sourire au rire, la sobriété à l’abondance,
l’audace du peu à la boulimie, la qualité à la quantité, l’humilité à la
réussite. Et, la réside probablement l’enjeu majeur, en osant vivre ma vulnérabilité
afin de me défaire progressivement de l’illusion de la maîtrise et du mensonge
de la toute puissance, les deux folies principales du Titan. Je
ne parle pas de cette fausse vulnérabilité, de cette authenticité feinte qui
envahit de plus en plus nos vies par le truchement des médias et qui consiste à
déballer et à nous imposer, dans une impudeur chronique, toutes les émotions
avec pathos, dans une effusion frisant la crise de nerfs, individuelle ou
collective. Vivre sa vulnérabilité signifie pour moi être capable, d’une part,
d’accepter mon funambulisme et son côté parfois inconfortable et déstabilisant et,
d’autre part, d’offrir en toute humilité ma recherche d’équilibre aux autres
et, donc, de partager mes émotions, mes besoins, mes doutes, mes incertitudes et mes
interrogations sans avoir peur du regard jugeant, que cela soit celui des
autres ou….le mien. Je
suis en effet profondément convaincu que si « les hommes se distinguent
par ce qu’ils montrent, ils se ressemblent par ce qu’ils cachent » (Paul
Valéry) et que la vulnérabilité est essentielle à une bonne estime de soi. De
plus, la vulnérabilité contribue à donner un sens créatif à la vie, même si
elle ne rend pas celle-ci plus confortable ou plus sûre (Voir à ce sujet la
vidéo de Brene Brown, chercheuse en psychologie, sur http://www.ted.com/talks/lang/fr/brene_brown_on_vulnerability.html).
Et, au lieu d’être à la recherche d’un paradis perdu ou de vivre dans
l’espérance d’un paradis à venir, « le paradis c'est peut-être d'être sans défense sans se
sentir menacé » (Christian Bobin). Ici et maintenant. Et d’accepter d’être.
Simplement. Sans vouloir être plus que, moins que ou quelqu’un d’autre. Sans se
sentir coupables d’être imparfaits. Et de pouvoir dire merci à la vie d’être et
d’exister. En toute incomplétude. Je vous souhaite à
toutes et à tous une très bonne suite de chemin, de belles fêtes de Noël et une
année 2014 qui vous permette d’être pleinement celle ou celui que vous êtes,
avec vos forces et vos faiblesses, vos lumières et vos ombres, vos doutes et
vos certitudes, votre Titan et votre Olympien. |
Question de sens et d’essence.
Posted on 10 November, 2013 at 10:53 |
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Réussir sa vie, c’est être de telle manière que sa seule présence permet aux autres de découvrir un sens à leur vie et à la vie(Georges Haldas) Depuis
quelques années déjà et sans attendre que la vie m’oblige à trouver une réponse
à la question, je me demandais ce que j’étais en train de réussir : ma
carrière ou ma vie. Contraint à l’arrêt, j’ai dû me rendre à l’évidence que la
manière dont j’essayais de solutionner ce dilemme n’était pas
satisfaisante : la définition que je donnais au mot « réussir »
était en effet incomplète. Pendant
des années, la réussite consistait pour moi principalement à donner un sens,
une direction à mes projets, qu’ils soient professionnels ou privés, en me
fixant des objectifs et en me donnant les moyens de les atteindre de la manière
la plus efficiente (au niveau de la qualité des processus) et efficace
(mesurable au degré d’atteinte des buts visés). Une perspective prioritairement
réglée sur un axe horizontal et unidimensionnel. Si
la vie réside là où l’ « on porte son attention de manière délibérée au
présent vivant » (Fabrice Midal) et que sa localisation semble donc un
fait acquis pour de nombreux « chercheurs de sens », qu’ils soient
philosophes, psychologues ou de « simples » personnes en quête de
spiritualité, le fait de vivre le présent de la manière la plus consciente
possible n’est pas un présent (au double sens du mot) qui tombe du
ciel : il s’agit d’un art qui demande vigilance (ou, comme j’aime à
l’écrire, « vie-gilance ») et attention ainsi qu’un zeste de volonté
et d’autodiscipline….à chaque instant. Que
cela soit sur mon propre chemin de vie ou en tant qu’accompagnant du parcours
d’autres personnes, je prête une grande importance au corps, véhicule principal
de l’être, et, tout particulièrement aux sens : exister pleinement, c’est
être attentif à ce que l’on voit, touche, entend, boit, mange, inspire et
expire. C’est également être conscient de la manière dont se tient, de sa
posture, des tensions ou de l’absence de tensions dans certaines parties du
corps, des messages que notre enveloppe charnelle nous envoie. Vivre
en « pleine conscience » ne signifie cependant pas seulement être attentif
à ce que l’on vit physiquement quand on agit, mais aussi – et parfois surtout –
d’accueillir les signaux que notre corps nous envoie en fonction de notre
vécu : les émotions. Or, si la joie semble être relativement simple à
vivre, qu’en est-il de ses « sœurs d’ombre », la tristesse, la peur
et la colère ? Le fait qu’elles sont encore souvent désignées comme étant
des « émotions négatives » – alors qu’elles ont leur raison d’être –
montre que leur acceptation n’est pas une évidence. Être
présent à soi-même passe à la fois par l’accueil et par la mise à distance de
notre « meilleur ennemi » : le mental. Un proverbe japonais résume
à mon sens assez bien l’énorme place que prend l’activité mentale dans notre
vie : « L’homme vit en moyenne 100 ans et se fait du soucis pour 1000
ans ». Si, aux préoccupations, on ajoute les regrets ainsi que des
sentiments comme la culpabilité ou la honte, les singes qui s’amusent à sauter
joyeusement dans notre tête sont nombreux et ont encore un bel avenir devant
eux. Ils peuvent donc continuer à remplir leur principale fonction : nous
couper du présent et, donc, de notre être. Il y
a pourtant une bonne nouvelle : si « on ne peut empêcher les oiseaux
de tourner au-dessus de nos têtes, on peut tout faire pour éviter qu’ils
fassent leur nid dans nos cheveux ». Ce proverbe chinois nous explique non
seulement que la présence de nos productions mentales est une réalité que nous
ne pouvons pas empêcher d’exister, mais également que nous avons le choix de laisser
s’installer nos pensées et, donc, d’en être tributaire ou, au contraire, de les
regarder passer et de ne pas nous identifier à elles : « j’ai des pensées mais je ne suis pas mes pensées ». En cela, la
méditation est un excellent moyen de « dés identification » de nos
chers parasites mentaux. Pour
terminer ce petit tour d’horizon de ce que signifie pour moi réussir ma vie en
étant présent à moi-même, j’aimerais parler d’une autre mise à distance : celle
que j’ai été amené à faire par rapport aux personnages que j’interprète dans
mes divers « théâtres » sociaux et/ou professionnels ainsi que des
masques et des casquettes que le fait d’endosser ces rôles m’amène à porter. En
effet, être pleinement présent ne s’arrête pas à observer mon corps, mes
émotions et mon mental, mais englobe également la manière dont j’habite, dont
j’investis mes rôles de formateur, coach, mari ou père : il s’agit pour
moi d’être le plus vrai possible, d’être à l’écoute de mes besoins et en accord
avec mes valeurs. Et d’éviter ce qui m’a en partie conduit au
« burn-out » : l’imposture - ou quand l’interprétation d’un
personnage « sonne faux » par rapport à celui que je suis, à mes
valeurs et à mes besoins et que, pour pouvoir interpréter un rôle, je me crois
obligé de « sur-jouer » en donnant plus d’importance au personnage
qu’à celui qui l’habite : mon être. Ce
n’est donc pas un hasard si j’ai choisi de me réorienter professionnellement et
de donner une couleur « accompagnement » à mes fonctions. Ce choix
représente non seulement un gage de cohérence entre mon être et mes rôles mais
également une « assurance-vie » : pour accompagner une personne,
il est à mon avis nécessaire d’être capable de s’accompagner soi-même et, pour
le dire avec les mots de Laurent Gounelle, « de continuer à être altruiste
en offrant son équilibre personnel aux autres ». Bonne
suite de chemin….et n’oubliez pas de faire le plein d’ « essence » et
de vous offrir des « présents » ! |
De la nécessité de se (re) « pauser »....
Posted on 13 October, 2013 at 11:33 |
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