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Un chemin, des rencontres
Posted on 8 January, 2014 at 8:53 |
« Il y a les personnes qu’on rencontre et celles qu’on croise. Chaque rencontre nous modifie, mais on ne rencontre pas par hasard » Que la vie soit une
expérience complexe tient du pléonasme. Une des meilleures façons d’embrasser
cette complexité pour la rendre plus compréhensible, sans toutefois la
dépouiller des multiples facettes qui en font l’originalité, s’avère être la
métaphore : une image qui réussit à la fois à rendre la réalité
intelligible tout en maintenant le mystère. Les contes offrent souvent cette
double lecture, car leur langage est universel – il s’adresse à tous et permet
à chacun de se reconnaître dans l’histoire relatée. L’ultime rencontre
lui ouvre les portes de l’endroit où il retrouvera son âme, entre larmes de
colère, de tristesse et de joie profonde : en lui-même. Ce qu’il cherchait
à l’extérieur de son être – le Paradis et l’Enfer – se cachait depuis toujours
en lui, au fond de son cœur, au cœur de son âme. La plus belle rencontre que le
Samouraï aura donc faite grâce à son périple et grâce aux personnes qui
l’auront accompagnées, chacune sur un bout de chemin, aura donc été la
rencontre avec lui-même. (Henri Gougaud, L’arbre
d’amour et de sagesse. Légendes du monde entier. Paris : Editions du
Seuil, Collection Points, 1992, p. 156-158 ou http://www.cles.com/chronique/l-enfer-le-paradis). Il m’aura fallu des
mois voir des années pour comprendre toute la richesse de cette histoire et je
me demande même si j’y suis complètement parvenu aujourd’hui. Ce que j’ai envie
d’en retirer dans ces lignes relève des rencontres. Non pas ces moments où l’on
croise une personne pour échanger avec elle des propos superficiels et futiles,
en lien avec les personnages et les rôles que nous jouons dans le théâtre de la
vie. Mais ces parenthèses hors de tout espace-temps où chacun parle du centre
de son être, se livre ne serait-ce qu’un peu, partage sa vulnérabilité, son
expérience de vie, ses blessures, ses doutes et ses interrogations. Des
communions qui permettent à chaque personne impliquée de se sentir moins seule,
de découvrir une sœur ou un frère qu’elle ne connaissait pas encore. Des oasis
initiatiques qui participent au développement de chacun, l’aident à grandir et
à avancer sur son chemin de vie. « Les hommes se distinguent par ce qu’ils montrent
et se ressemblent par ce qu’ils cachent » disait Paul Valéry,
visionnaire et fin connaisseur de l’âme humaine. Les vrais rencontres ne sont
en effet possibles que lorsque les personnes concernées sont d’accord de
laisser tomber le masque, de ne pas tricher, ni avec elles-mêmes ni avec
l’autre. De ne plus jouer un rôle mais d’être, simplement. C’est ainsi que, de
ses instants volés à l’éternité, peuvent naître des amitiés profondes car
sincères. Et dont la durée dépend du rythme auquel chacun chemine vers soi. Cela dit, ces
rencontres qui nous accompagnent sur notre chemin de vie ne sont pas
qu’humaines. L’ « autre » peut en effet prendre plusieurs
formes : un livre, un arbre, un paysage, un animal, l’écriture, un film…..Toute
opportunité susceptible de réveiller en nous notre âme et nos émotions, de nous
permettre d’être toujours plus conscients de cette vie qui bat en nous-mêmes
et, donc, de grandir, de déployer nos ailes et d’avancer sur notre chemin de
vie, est une rencontre avec nous-mêmes. Et, si on y fait attention, les
occasions sont nombreuses. Mais peut-être ne sommes-nous pas toujours prêts à
nous rencontrer et, par là, à permettre à d’autres de nous découvrir et, à
travers la relation, à se dévoiler. Ou peut-être avons-nous quelque chose à
protéger. « Toute rencontre est un déroutement qui peut
mener à la déroute » (Lytta Basset, Aimer
sans dévorer. Paris : Albin Michel, 2010, p. 227) : chaque
rencontre est en effet une prise de risque qui peut certes nous faire
progresser mais également nous fragiliser. À partir du moment où l’on est
d’accord de partager ses blessures, de se mettre à nu, il est nécessaire
d’assumer cette vulnérabilité. Une fragilité qui, selon les circonstances et
les personnes, s’avère parfois difficile et douloureuse à gérer. Dans le conte du
samouraï, un ermite humilie le guerrier à un tel point qu’il s’en faut de peu
pour que le sabre ne tranche la tête du moine. Et c’est pourtant à ce moment-là
que notre valeureux héros japonais découvre que l’Enfer est en lui. C’est aussi
ce qui déclenche en lui des larmes de joie : il a trouvé la porte qui le
mène au Paradis. Et il a entrevu, grâce à la tendresse de son vis-à-vis, ce qui
l’aiderait dans sa quête : l’amour – autant pour l’autre
personne que pour lui-même. Car, « la
vie est folle n'est-ce pas ? C'est pour ça qu'elle est passionnante. Imaginez
que nous soyons équilibrés dans une existence paisible, il n'y aurait ni
événement, ni crise, ni travaux à surmonter, de la routine uniquement, rien à
mettre en mémoire : nous ne serions même pas capables de découvrir qui nous
sommes. Pas d'événements, donc pas d'histoire, pas d'identité. Nous ne
pourrions pas dire : "Voilà ce qui m'est arrivé, je sais qui je suis
puisque je sais ce dont je suis capable face à l'adversité". Les êtres
humains sont passionnants parce que leur existence est folle. » (Boris
Cyrulnik, Sauve-toi, la vie t’appelle,
Paris : Odile Jacob, 2012, p. 43-44) Et, puisque j’ai
commencé mon texte par un conte, j’aimerais le conclure par une petite histoire d'origine chinoise qui illustre justement la nécessité d’accepter et de partager non seulement nos
forces et nos exploits, mais également nos failles, nos faiblesses, nos erreurs
afin de permettre la rencontre avec nous-mêmes et avec les autres : c’est
peut-être le seul vrai moyen de créer sa vie et de lui donner du sens. La vieille femme sourit : « As-tu
remarqué qu’il y a des fleurs sur ton côté du chemin, alors qu’il n’y en a pas
de l’autre côté ? Comme j’ai toujours su ta fêlure, j’ai semé des graines
de ton côté du chemin. Chaque jour, sur le chemin du retour, tu les as
arrosées. Pendant deux ans, grâce à toi, j’ai cueilli de superbes fleurs pour
décorer ma table » (in Frédéric Lenoir, L’Âme du monde, Paris : NIL Editions, 2012, p. 165-166) Une nouvelle année
commence, accompagnée de sa traditionnelle liste de bonnes résolutions. Pour ma
part, j’ai décidé d’avoir moins peur de la vie et des autres. En allant encore
un peu plus à ma rencontre et à la leur. Et de me donner et de partager avec
les autres ce dont notre âme a besoin : de la compassion. |
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