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Sommes-nous tous des requérants d’asile ?
Posted on 30 April, 2016 at 18:57 |
« Chercher l’amitié, la donner, c’est d’abord crier : “Asile ! Asile !” Le reste de nous est sûrement moins bien que ce cri, il est toujours assez tôt pour le montrer. » (Colette) Depuis
quelques mois, comme certainement beaucoup d’autres personnes, je suis touché
par le sort des réfugiés, qu’ils viennent de Syrie, d’Erythrée, d’Afghanistan
ou d’autres pays comme ceux d’Afrique du Nord. Je
suis impressionné par les ressources, psychiques et physiques, que ces
personnes trouvent autant autour d’elles qu’en elles pour quitter leur terre, souvent
natale, leur patrie, leur maison, leur foyer devenus synonymes d’insécurité, de
survie, de violence et de mort. Je
suis également en admiration devant l’élan de vie, le courage, la
détermination, la persévérance et la confiance qu’il faut à ces adultes, à ces
parents, à ces enfants, à ces familles pour rejoindre une terre d’asile dont
ils ne connaissent souvent rien ou dont ils n’ont qu’une connaissance très
partielle à travers les récits d’autres personnes et ce que les médias décident
d’en dévoiler. Des lieux dans lesquels ils n’ont aucune garantie d’être
accueillis, devant anticiper soit un refoulement soit un hébergement
« durablement provisoire », parfois à la limite de la salubrité et qui
peut prendre la forme de détention – quand elle n’en porte pas carrément le
nom, comme en Grèce et en Turquie actuellement. Je
suis révolté face à la cécité et à l’égoïsme des pays, qu’ils soient européens
ou non, ainsi que face à leur incohérence, qui leur fait jouer tour à tour le
rôle de sauveur puis de bourreau. Je suis saisi par l’incapacité de ces mêmes
pays de trouver des solutions et de prendre des décisions humainement valables
en négociant pour se mettre d’accord sur des objectifs minimaux. Et,
pourtant, une part de moi comprend ces réactions. Pour être très honnête, je
suis moi-même obligé d’admettre que, à la question « Comment réagirais-tu
si on te demandait d’héberger une famille syrienne ou un couple
afghan ? », je me sens terriblement emprunté et partagé. Il y a la
peur de devoir négocier mon territoire, mon chez moi avec des personnes n’ayant
pas forcément les mêmes valeurs, indépendamment de leur lieu d’origine ou de
leur religion et, donc, de perdre certains acquis, certains repères ainsi que
mon confort. D’autre
part, je suis habité par un sentiment de culpabilité et d’impuissance devant
ces destinées qui me renvoient à ma condition humaine, à ma propre
vulnérabilité ainsi qu’à mes errances, symboliques et intérieures. Je
ne peux en effet m’empêcher de penser que nous sommes tous des requérants
d’asile et cela pour au moins deux raisons : Sans
oublier que l’Europe ne serait pas ce magnifique creuset de cultures, de
langues, de mentalités et de valeurs qu’elle représente aujourd’hui sans les
vagues successives de personnes voir de peuples cherchant sur nos terres
nourriture, emploi et sécurité matérielle, psychique et physique. Toute
proportion gardée, nous pourrions même faire un parallèle entre les flux
migratoires actuels et ce que nos manuels scolaires ont appelé ou appellent
toujours de manière abusive les « invasions barbares » qui ont marqué
la fin de l’Antiquité et le début du Moyen-Âge : il y a certes eu des
violences et des affrontements, mais, dans la réalité, le phénomène, qui s’est
déroulé sur plusieurs centaines d’années, a pris la forme d’une intégration
progressive des nouvelles populations au peuples présents. En raccourci, nous
sommes des descendants des Gallo-Romains, des Burgondes, Alamans ou
Wisigoths : tous des « requérants d’asile » cherchant une terre
d’accueil et des perspectives d’une vie meilleure. Puis,
d'un point de vue non plus historique mais plutôt psychologique voire
spirituel, il me semble que l’arrivée d’un grand nombre de réfugiés nous fait
également peur car ce phénomène nous renvoie à une réalité que nous avons de la
peine à admettre, quand nous ne la nions pas : chacun d’entre nous est la
recherche, consciemment ou pas, d’une terre d’asile intérieure. Dans
un monde que Christophe André,
psychiatre et thérapeute français, qualifie de « psychotoxique », les
violences ne sont pas absentes de notre quotidien et je ne parle pas
prioritairement des récents attentats de Paris ou de Bruxelles. Même si la
sécurité matérielle de la grande majorité d’entre nous est assurée, nous sommes
tous soumis à des contraintes et à des injonctions dont certaines mettent en
péril notre équilibre personnel et notre sécurité intérieure. Médias,
publicité, politiciens, dirigeants, enseignants et même coachs ou
thérapeutes : chacun de nous est susceptible de véhiculer des messages
porteurs de violences, symboliques certes, mais aux effets bien visibles. Si on en croit Christophe
André, notre estime de nous-mêmes repose sur trois piliers : le premier,
fondamental, est celui de la bienveillance vis-à-vis de soi
qui résulte d’un amour inconditionnel et indépendant des résultats ; la
vision de soi consiste ensuite en la capacité de s’observer de la
manière la plus objective possible, en accueillant ses points forts, ses
limites et ses doutes ; la confiance en soi représente pour
terminer la partie visible du triangle, puisqu’elle repose sur la capacité de
poser des actes, même petits et modestes, et donc de faire un pas après
l’autre. Ces trois piliers étant interdépendants, le fait de travailler sur
l’un d’entre eux permet aux deux autres de s’améliorer. Or,
notre société véhicule un certain nombre de valeurs qui sont tout autant de
freins et d’obstacles à la construction d’une bonne estime de soi : la
performance – qui nous fait dire que nous ne serons jamais assez bons,
assez rapides, assez performants, toujours en décalage, en retard ou en avance,
éternellement insatisfaisants donc insatisfaits – , l’apparence – qui nous
rend esclaves de ce que nous pensons que les autres pensent de nous, de
l’illusion que nous nous faisons de nous-mêmes et de celle que nous donnons à
voir aux autres – et l’abondance – ou la sur-abondance de
biens et d’informations, appelée aussi « infobésité », qui nous fait
croire que nous ne pourrons jamais être heureux si nous ne possédons pas au
moins tel bien ou un autre, si nous n’avions pas étudié ceci ou cela ou si nous
n’avons jamais visité tel endroit ou un autre. Les pressions, contraintes
et autres incitations plus ou moins explicites auraient ainsi un effet
nettement moins impressionnant si nous n’étions pas partie prenante en
intériorisant ces violences et en leur offrant un terrain fertile. Si
je m’appuie sur mon vécu, je dois accepter avec humilité que, si j’ai eu ou si
j’ai encore aujourd’hui l’impression d’être malmené, c’est parce que les
éléments extérieurs ne font souvent que déclencher, mettre en mouvement ou
accélérer des processus bien présents chez et en moi. Ainsi,
je me surprends ces derniers temps à me dire que je n’ai plus beaucoup de temps
pour moi alors que rien ni personne ne m’empêche d’en demander et d’en prendre,
si ce n’est ma propre culpabilité et ma peur d’écorner l’image que je me fais
de moi ou celle que je pense que les autres se font de moi. La gestion du temps
est par conséquent un faux problème : les vraies questions seraient
plutôt « À quoi est-ce que je n’arrive pas à dire « oui » chez
moi ? Quels sont les besoins que je ne veux pas entendre chez moi ?
Qu’est-ce qui fait chez moi que j’ai peur d’affirmer mes besoins et de les couvrir ? ». Nous
avons donc souvent appris à nous conformer aux besoins et aux attentes des
autres plutôt que de, aussi, écouter ce qui est important pour nous et pour
notre équilibre personnel. Mais, direz-vous, comment savoir ce qui est bon pour
nous si nous n’avons jamais appris à l’identifier et, à plus forte raison, à
l’exprimer ni à le faire valoir ? C’est
là que notre « terre d’asile intérieure » joue un rôle
primordial : c’est à mon avis dans notre intériorité, dans notre
« lieu refuge », notre « chez moi » que nous pouvons
trouver les réponses à nos questions et trouver le courage d’exprimer nos
convictions sans que celles-ci soient de pâles copies de principes éducatifs,
de slogans publicitaires, de lieux communs, de stéréotypes, de messages creux
et d’une langue de bois qui ne nous correspondent pas ou plus. Mais
comment trouver ce « chez soi » (ou, si on suit Jung, le « chez
Soi »), cette vie intérieure qui est à la fois ce qui nous caractérise le
plus et la dimension qui nous appartient le moins puisque c’est elle qui nous
relie essentiellement et de manière invisible aux autres, au Réel et à
l’Univers ? Je
n’ai pas la prétention de répondre à cette question de manière définitive ou exhaustive : je me considère comme un pèlerin qui, à travers la contemplation,
la méditation, l’écriture, le contact avec la nature et le compagnonnage le
plus complice possible avec son corps, son souffle et la mort tente de se
donner de la douceur et de rester autant que faire se peut en
lien avec sa terre d’asile intérieure. Un marcheur à qui la vie fait vite comprendre que le chemin emprunté n’est pas le bon s'il s'en éloigne. Accueillir
les personnes qui cherchent refuge et asile chez nous équivaudrait donc, en
plus de réfléchir à la capacité d’intégration de ces nouveaux arrivants dans nos tissus sociaux et
professionnels, de méditer sur la nécessité de nous intégrer nous-mêmes,
d’accepter notre propre condition d’être en recherche de lieux refuge et de
terre d’asile intérieurs en soi : notre société a beaucoup à offrir aux
migrants à condition d’accepter que leur présence nous renvoie à notre
humanité, à nos forces et à nos faiblesses, et, donc, à la nécessité d'accueillir le "requérant d'asile" en nous. Nous
ne sommes pas détenteurs de la vérité et les migrants non plus : seule une
acceptation des convictions et des besoins des uns et des autres permettra, par
un effort de négociation constant, de créer un monde différent. Et le nôtre en
a réellement besoin : n’oublions pas que le mot « crise »,
employé en parlant de la « crise migratoire » est synonyme d’
« opportunité » pour les Chinois et de « décision » pour
les Anciens Grecs – l’arrivée de ces personnes en détresse est donc une chance
pour nous et pour notre civilisation dans une période de transition à tout
point de vue. Références : C.
André, Imparfaits, libres et heureux.
Pratiques de l’estime de soi. Paris : Odile Jacob, 2009. Lire aussi du
même auteur, co-écrit avec François Lelord, L’estime
de soi. S’aimer pour mieux vivre avec les autres. Paris : Odile Jacob,
2008.
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